En visite du 3 au 16 octobre 2024, la délégation du Fonds monétaire international conduite par Cemile Sancak a, au sortir d’une audience avec le ministre délégué auprès du ministre des Finances, Yaouba Abdoulaye remis sur la table l’épineuse question de la subvention des carburants.
« … En effet, dans le programme, on a défini l’élimination des subventions », cette déclaration de la cheffe de délégation du FMI au Cameroun serait prémonitoire d’une future hausse des prix du carburant au Cameroun, si l’on se réfère aux travaux relatifs à la 7e revue du Programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc).
Pour l’institution de Bretton Woods, le Cameroun n’a pas encore atteint tous les objectifs en lien avec la subvention des produits pétroliers. Si Cemile Sancak reconnaît qu’il y a plusieurs réussites du programme, que des réformes restent à mener pour arriver aux objectifs globaux du programme. Au sujet des prix à la pompe, la cheffe de la délégation du FMI avoue qu’à la suite de deux augmentations successives, les autorités camerounaises ont diminué la majorité de la subvention ; celle-ci reste d’ailleurs bien réduite.
En effet, entre février 2023 et février 2024, deux hausses des prix de certains produits pétroliers ont été entériné. À ce titre, le prix du litre du super est passé de 630 Fcfa au 31 janvier 2023 à 840 Fcfa au 2 février 2024 (après 730 Fcfa) soit une hausse de 210 Fcfa (+33,3%), tandis que le litre du gasoil coûte désormais 828 Fcfa à la pompe depuis le 3 février 2024. Les prix du gaz (6 500 Fcfa) et du pétrole lampant (350 Fcfa) n’ayant subi aucune modification, l’idée étant de préserver les ménages, avait assuré le gouvernement.
Malgré ces efforts, le Fonds monétaire international appelle à une suppression totale des subventions de produits pétroliers. En fait, « les subventions sont mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables, et ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires. A titre d’illustration, les subventions aux prix des produits pétroliers représentent six fois le budget alloué à l’agriculture, quatre fois celui de la santé et plus de trois fois celui de l’énergie et de l’eau », s’indigne la Banque mondiale.
Précisons chiffres officiels à l’appui. Pour soutenir les prix du carburant et du gaz domestique, le Cameroun a dépensé 1000 milliards de Fcfa en 2022 contre 640 milliards de Fcfa en 2023, soit une baisse de 360 milliards de Fcfa en glissement annuel. Et selon le Document de programmation économique et budgétaire édité par les services du Minfi, le Cameroun table sur une subvention de 263,3 milliards de Fcfa en 2024. Celle-ci, d’après la même source, devrait encore diminuer pour s’établir à 80 milliards de Fcfa en 2025. Toute chose qui ferait baisser l’enveloppe des transferts et subventions prévue à 1 156,4 milliards en 2024 contre 1 034,7 milliards en 2025.
Indiquons au passage que le FMI a prorogé d’une année supplémentaire le programme économique et financier avec le Cameroun. Initialement prévu pour s’achever en juillet 2024, le programme devrait courir jusqu’en juillet 2025 et devrait s’accompagner d’un financement supplémentaire de 145,4 millions de dollars (près de 89 milliards de Fcfa). À condition que le Cameroun mette en vitrine des réformes visant à soutenir le secteur privé, à élargir l’assiette des recettes et à améliorer la soutenabilité des finances publiques.