Qualifié de confiscatoire, le Groupement des Entreprises s’est largement exprimé sur les vicissitudes du système fiscal camerounais, de même que les enjeux économiques futurs du pays. C’était le 18 septembre 2024 à Douala, à l’occasion de la rentrée économique du patronat.
Oppression fiscale et SND 30 en dents de scie
Dans un document de 13 pages, Célestin Tawamba, Président du Gecam, la principale organisation patronale du pays, a jeté un regard inquiet sur l’évolution du tissu économique. En illustrant le système fiscal camerounais, le patronat révèle que celui-ci demeure injuste et oppressif. En raison du taux d’imposition effectif payé, les entreprises du secteur formel en subissent le lourd tribut. « … En effet, notre système fiscal conduit à payer des taux effectifs de 60 à 80%, il fait payer l’impôt aux entreprises naissantes, et même à celles qui font des pertes. A cela, j’ajoute des contrôles fiscaux et douaniers fréquents, donnant lieu à des redressements portant sur des montants astronomiques, représentant parfois plusieurs fois le bénéfice et même le chiffre d’affaires… », a souligné Célestin Tawamba.
Dans un contexte marqué par la quête de financements nécessaires pour implémenter la SND30. Le patronat camerounais assure que les performances économiques du pays sont en deçà des objectifs fixés. Si au cours de la période 2010-2020, le gouvernement camerounais avait dans le cadre du DSCE (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi) projeté une croissance de 5,5%. 14 ans plus tard, le patronat diagnostique et révèle que le Cameroun n’a réalisé qu’une croissance de 4% pendant la période sous-revue. Une situation que connote aussi les résultats de la première phase de la Stratégie nationale de développement. En effet, sur un taux de croissance fixé à 6,6% sur la période 2021-2025. Rendu à l’aube de l’année 2025, le Gecam dévoile un taux de croissance de 3,8% seulement, soit un écart de 2,8%.
Que vive le Canada
Ce pays d’Amérique du Nord est devenu le nouvel eldorado d’une population camerounaise vivant sous le joug d’une précarité de guillotine et d’une pauvreté vacillante. À côté des données de l’Institut national de la statistique qui décèlent que le nombre de camerounais vivant en dessous du seuil de pauvreté a progressé de plus de 2 millions de personnes au cours de la période 2014-2021, pour atteindre près de 10,5 millions en 2021. Hors des frontières camerounaises, de janvier à avril 2024, près de 6000 citoyens camerounais ont fait le choix de rechercher une vie nouvelle au Canada.
Ce choix nourrit désormais par bon nombre de camerounais a des répercussions significatives sur l’économie nationale du Cameroun, de même que sur le marché du travail. « … En effet, le départ de nombreux travailleurs qualifiés employés au sein des entreprises, qui ont en général financé leur formation continue, entraîne une perte de compétences précieuses, et met en péril la compétitivité de nos entreprises », indique Célestin Tawamba.
2025, année électorale de tous les souhaits
Alors que le pays se vide progressivement ; la fiscalité absorbe lentement et cruellement les entreprises ; que la SND 30 poursuit son chemin de croix en essayant de convaincre les moins repentis. Les nombreuses inquiétudes exprimées par le patronat camerounais laissent place à l’ombre d’un infime espoir. En relayant la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les PME ; la baisse du taux d’acompte de l’IS sur certaines activités ; la clarification des procédures de contrôles douaniers à postériori ; la mise en œuvre de mesures incitatives dans le cadre de la politique d’import-substitution, ou la mise en place au sein de la direction générale des impôts d’un comité qualité. Le Gecam plaide aussi pour une fiscalité plus souple et moins contraignante dans l’élaboration de la loi de finances 2025.
« … Pour ce qui concerne la prochaine loi des finances (LF), nous émettons le vœu d’une LF 2025 de relance économique, marquée notamment par une pause fiscale, des mesures d’élargissement de l’assiette fiscale qui n’impacteront pas les entreprises déjà fortement taxées, la refonte de la taxe foncière et sur l’immobilier », a souhaité Célestin Tawamba.