Exploitation minière – Canyon Resources décroche le permis d’exploitation de la bauxite de Minim-Martap

Canyon Resources décroche le permis d’exploitation de la bauxite de Minim-Martap
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Le président Paul Biya a officiellement attribué à Camalco, filiale de l’australien Canyon Resources, le permis d’exploitation du gisement de bauxite de Minim-Martap. Ce projet minier d’envergure, d’une valeur de 2 milliards de dollars, devrait faire du Cameroun un acteur majeur du marché mondial de la bauxite. Cependant, des experts émettent des réserves sur les retombées économiques pour le pays.

Le Cameroun a franchi une étape décisive vers l’exploitation de ses vastes ressources minières. Le président Paul Biya a signé un décret attribuant à Camalco, filiale de la société australienne Canyon Resources, le permis d’exploitation du gisement de bauxite de Minim-Martap, situé dans la région nord du pays. Ce permis, d’une durée de 20 ans, marque le début d’un projet minier majeur qui devrait transformer l’économie camerounaise et positionner le pays comme un leader sur le marché mondial de la bauxite.

Selon le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique, ce décret donne à Canyon Resources la légitimité nécessaire pour lever des fonds et accroître sa visibilité sur la scène minière nationale, où il n’existe encore aucune mine de bauxite en activité. Le projet, évalué à 2 milliards de dollars, a pour objectif de valoriser 99,1 millions de tonnes de bauxite, avec une production annuelle prévue de 5 millions de tonnes.

Le démarrage de l’exploitation est prévu pour 2025, tandis qu’une phase de transformation du minerai sur place devrait débuter en 2027. Environ 30 % de la production de bauxite sera transformée localement pour approvisionner les industries du Cameroun, réduisant ainsi la dépendance aux importations de ce minerai, dont le coût s’est élevé à 36 milliards de FCFA en 2023.

Pour acheminer la bauxite depuis le village de Makor jusqu’au port de Douala, la société Camalco devra réhabiliter la voie ferroviaire existante et construire un quai dédié aux exportations minières dans les neuf mois suivant l’obtention du permis. Avec des réserves estimées à 2 milliards de tonnes, le gisement de Minim-Martap pourrait placer le Cameroun parmi les plus grands producteurs mondiaux de bauxite, aux côtés de la Guinée, qui détient environ deux tiers des réserves mondiales.

Cependant, malgré ces perspectives prometteuses, certains experts soulignent des lacunes dans l’accord signé entre le Cameroun et Canyon Resources. Youmsi Bareja, expert en mines et pétrole et enseignant-chercheur, estime que les termes financiers de la convention sont désavantageux pour le Cameroun. « Pour un projet évalué à 2 milliards de dollars, avec un retour sur investissement de 4,5 milliards de dollars et une durée d’exploitation de vingt ans, le Cameroun n’a reçu qu’un paiement de 1 milliard de FCFA en tant que « pas de porte ». Canyon Resources aurait dû verser au moins 10 milliards de FCFA », explique-t-il.

Cette critique reflète un certain scepticisme quant aux réelles retombées économiques pour le Cameroun. Bien que le pays soit engagé dans un plan de développement de son secteur minier, avec douze projets prévus entre 2024 et 2025, y compris celui de Minim-Martap, les bénéfices pour l’économie locale et la population restent à clarifier. Toutefois, les autorités camerounaises se montrent optimistes quant à l’impact de ce projet sur l’économie nationale.

D’ici 2029, le marché mondial de la bauxite devrait connaître une croissance soutenue, passant de 284,41 millions de tonnes en 2024 à 342,87 millions de tonnes, selon les prévisions de Mondor Intelligence. Le Cameroun, à travers l’exploitation de Minim-Martap, espère bien tirer profit de cette dynamique pour devenir un acteur incontournable du secteur.

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