Avec 2 104 288 foyers raccordés au réseau électrique national au premier semestre 2024, Eneo, concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, affiche un taux d’accès à l’électricité de 68%. Cette progression est soutenue par un programme d’électrification rural financé par la Banque mondiale, malgré les difficultés financières qui impactent l’entreprise.
En juin 2024, le taux d’accès à l’électricité au Cameroun a atteint 68%, selon les dernières données publiées par Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité. Cette hausse s’explique par la réalisation de 75 000 nouveaux branchements, dont 64 000 issus de nouvelles connexions et 11 000 de régularisations au cours du premier semestre de cette année. Par ailleurs, grâce au programme PERACE, financé par la Banque mondiale, la société a réalisé 163 000 branchements supplémentaires depuis 20 mois, renforçant la couverture du pays en électricité.
Dans le Réseau interconnecté sud (RIS) et le Réseau interconnecté nord (RIN), la couverture de la demande en énergie a respectivement augmenté de 4% et 10% au premier semestre 2024. Eneo revendique ainsi un total de 2 104 288 clients actifs, dont 35% connectés via des branchements prépayés. L’entreprise vise 240 000 nouvelles connexions pour le premier semestre 2025, renforçant sa dynamique de croissance.
Malgré ces progrès, Eneo est confrontée à des difficultés financières, liées notamment à une ardoise de 266 milliards de FCFA due par l’État camerounais au 31 décembre 2023. Ce passif a provoqué l’arrêt de l’approvisionnement en énergie dans certaines installations, aggravant la situation de trésorerie de la société. À la fin de 2022, le déficit de trésorerie d’Eneo s’élevait à 113 milliards de FCFA, et sa dette globale atteignait 700 milliards de FCFA, dont la moitié était due à ses fournisseurs.
Pour faire face à ces défis, Eneo a plafonné ses investissements à 53 milliards de FCFA en 2024, soit une hausse de 58% par rapport à 2023. Ce plan d’investissement inclut la construction de parcs solaires à Guider et Maroua, d’une capacité totale de 30 MW, ainsi que des projets visant à améliorer la distribution et la production électrique. La capacité installée au Cameroun a ainsi atteint 1 529 MW en 2024, dont 1 012 MW produits directement par Eneo.
Toutefois, selon le directeur général de l’entreprise, Amine Homan Ludiye, les investissements actuels se heurtent à des difficultés liées au transport et à la distribution de l’électricité, des secteurs nécessitant des financements importants. Malgré ces obstacles, Eneo assure dépasser les objectifs fixés par le régulateur en matière de disponibilité des grandes centrales et de réduction des interruptions électriques.
Les négociations actuelles pour une renationalisation d’Eneo, détenue par le fonds britannique Actis, sont en cours. Le désaccord porte sur le montant du rachat de la société, évalué à 80 milliards de FCFA par le gouvernement camerounais et entre 100 et 125 milliards par Actis. Ces discussions surviennent alors qu’Eneo continue d’enregistrer des résultats contrastés entre croissance de la clientèle et pressions financières.
