Face à un financement public de l’éducation encore insuffisant au Cameroun, l’Unesco vient d’annoncer un apport de 26 milliards de Fcfa pour soutenir la réforme du système éducatif. Cette initiative vise à améliorer les infrastructures scolaires, renforcer la formation des enseignants et promouvoir l’enseignement technique et professionnel, dans un pays où l’évolution des effectifs d’élèves dépasse largement les moyens budgétaires alloués.
Le 9 septembre dernier, à Yaoundé, Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a annoncé un financement de 26,4 milliards de Fcfa destiné à améliorer le système éducatif du Cameroun. Cette annonce a eu lieu lors d’une audience avec le Premier ministre Joseph Dion Ngute, à l’occasion de la 58e journée mondiale de l’alphabétisation. L’initiative s’inscrit dans une collaboration renforcée entre l’Unesco et le Cameroun, marquée par un soutien accru au développement de l’éducation dans le pays.
Ce financement s’inscrit dans le cadre du Partenariat mondial pour l’éducation, et permettra de relever plusieurs défis majeurs dans le secteur éducatif camerounais. Parmi les priorités identifiées figurent l’amélioration des infrastructures scolaires, le renforcement de la formation des enseignants, ainsi que le développement de l’enseignement technique et professionnel. Le but est de réformer les contenus pédagogiques afin de les rendre plus inclusifs et adaptés aux réalités locales.
Audrey Azoulay a exprimé sa satisfaction en soulignant : « Notre collaboration avec le Cameroun pour cette journée internationale pose les jalons d’un autre chantier encore plus ambitieux. Nous allons accompagner le renouvellement des contenus curriculaires pour qu’ils soient plus inclusifs et mieux adaptés aux besoins des apprenants. » Cette initiative de l’Unesco, en partenariat avec des acteurs clés tels que l’Unicef, vise à amplifier les efforts déjà entrepris pour soutenir la formation des enseignants et améliorer la gestion des établissements scolaires
D’après les chiffres communiqués par Laura Frigenti, directrice générale du Partenariat mondial pour l’éducation, le financement de l’Unesco pourrait être porté à 18,75 millions de dollars supplémentaires, soit 11,1 milliards de Fcfa, pour répondre aux besoins croissants du secteur éducatif camerounais.
Cependant, malgré ces financements internationaux, le gouvernement camerounais peine encore à atteindre les normes internationales fixées par l’Unesco en matière de dépenses publiques allouées à l’éducation. En effet, selon l’Unesco, chaque État membre doit consacrer au moins 20% de son budget annuel à l’éducation. Or, au Cameroun, les dépenses intérieures dans ce secteur ont diminué au cours des dernières années, malgré une augmentation significative des effectifs scolaires.
En 2022, les dépenses publiques allouées à l’éducation se sont établies à 926 milliards de Fcfa, soit 18,27% du budget national, en baisse par rapport aux 19,43% atteints en 2021. Pourtant, entre 2019 et 2022, le nombre d’élèves et d’apprenants est passé de 7,078 millions à 8,050 millions, soit une augmentation de 13,7% en seulement quatre ans. Ce décalage entre l’augmentation des effectifs et les fonds alloués compromet la qualité des services éducatifs.
Face à cette inadéquation, le soutien de l’Unesco et de ses partenaires représente une bouffée d’oxygène pour le système éducatif camerounais. En collaboration avec l’Unicef, l’Unesco prévoit de former plus de 15 000 enseignants et 30 000 directeurs d’école dans les années à venir, tout en continuant de travailler étroitement avec les autorités locales pour définir les priorités éducatives du pays.
Ainsi, bien que l’investissement annoncé soit significatif, il ne résout pas à lui seul les défis structurels auxquels le Cameroun fait face. Une révision des politiques nationales et un engagement plus soutenu de l’État sont nécessaires pour garantir une éducation de qualité à tous les enfants camerounais, conformément aux standards internationaux.
