Avec deux enquêtes préliminaires déjà ouverte à l’encontre de Perenco qui appartient à la famille Perrodo. Le Parquet national financier de Paris vient d’ouvrir une troisième procédure judiciaire au civil. Celle-ci concerne les activités de la 2ème major pétrolière française après Total au Congo-Kinshasa.
À la question de savoir, pourquoi le parquet national financier de Paris s’intéresse aux activités de Perenco. Des sources proches du dossier évoquent la corruption, le trafic d’influence et l’implication des hauts responsables congolais dans l’attribution d’un ensemble de champs offshore au pétrolier français.
D’après les informations obtenues auprès de l’agence Investigate Europe et Disclose, la première enquête ouverte par le Parquet national financier de Paris porte sur des soupçons d’emploi fictif. En effet, Perenco a embauché un membre de la famille de l’ex-ministre des Hydrocarbures, André-Raphaël Loemba, titulaire du poste de 2009 à 2015. Et à date, il existe des doutes sur la réalité du travail effectué par celui / celle qui a été embauché dans la famille de l’ex ministre.
Alors qu’une audience est projetée pour le mois d’octobre 2024,et ce malgré les recours déposés par les avocats de Perenco afin de contester leur légitimité à agir devant les tribunaux français. La 2ème procédure quant à elle répond à une demande d’entraide de la justice norvégienne. Il s’agit en réalité d’une enquête sur des soupçons de corruption. Selon des investigations menées par l’agence Disclose et Investigate Europe, Julienne Sassou-Nguesso, fille du président congolais et son beau-frère ont aidé Hemla à décrocher la concession. Et dans la Julienne Sassou a récupéré 15 % du capital de la filiale congolaise en empochant de juteux dividendes.
À plus de 7 300 kilomètres de la capitale norvégienne, le groupe pétrolier norvégien Petronor détient, via une filiale appelée Hemla, des intérêts dans un vaste champ pétrolifère baptisé Pointe-Noire Grand Fond (PNGF) au Sud du Congo. À ses côtés, on retrouve le groupe franco-britannique Perenco. Les enquêteurs de la police norvégienne se penchent justement sur les conditions d’obtention, en janvier 2017, de la licence d’exploration du gisement PNGF Sud. À l’époque, Hemla avait obtenu 20 % des parts de cette licence jusque-là détenue par TotalEnergie et la compagnie italienne ENI. Quant à Perenco, elle en avait récupéré 40 %, devenant ainsi l’actionnaire majoritaire ainsi que l’opérateur de ce puits qui produit 30 000 barils par jour.
À propos de la récente procédure judiciaire ouverte contre Perenco. Il s’agit d’une procédure au civil qui concerne les activités de Perenco au Congo-Kinshasa voisin. Dans la zone côtière de Muanda où le groupe s’est aussi installé en 2001. Les communautés locales dénoncent les dégâts sur l’environnement, notamment dans les villages de pêcheurs et les réserves naturelles de mangrove.
Ici, la société franco-britannique est accusée de préjudices écologiques. D’ailleurs, courant octobre 2019, elle avait contesté une décision judiciaire prononcée le 02 août 2019 par le Tribunal de Grande Instance de Paris. Dans la foulée, le 12 septembre 2019, Perenco refusait l’entrée dans ses locaux du XVIIe arrondissement de Paris à un huissier de justice. « Je ne vous donnerai rien. Je ne vous laisserai pas faire votre mission », avait alors lâché Tobias Daroczi, responsable juridique du groupe, à l’attention de l’huissier. Unique entreprise pétrolière opérationnelle en République Démocratique du Congo, où elle extrait 25 000 barils par jour de ses champs onshore et offshore situés dans la province du Kongo Central (ouest du pays ). Perenco n’apprécie pas de devoir s’expliquer sur les « préjudices environnementaux présumés » causés par son activité.
Dénoncé par les communautés locales pour les dégâts environnementaux causés par leurs activités d’exploration pétrolière notamment dans les villages de pêcheurs et les réserves naturelles de mangrove; assigné devant le tribunal judiciaire de Paris en novembre 2022 par les ONG Sherpa et Les Amis de la Terre afin d’obtenir réparation. Chez Perenco, un haut responsable ayant requis l’anonymat assure que, « Ce sont des accusations classiques d’ONG… Nos activités congolaises sont gérées par notre filiale qui est indépendante. Nous, à Paris, nous ne faisons qu’apporter un support ».
Globalement, l’affaire Perenco rappelle un dossier similaire au Cameroun. À date, l’affaire Glencore reste pendante devant le Tribunal Criminel Spécial, qui n’attend plus que les résultats de la procédure ouverte par la justice britannique en collaboration avec le ministre de la justice camerounaise, Laurent Esso. Une fois bouclé, les noms de responsables camerounais impliqués dans ce scandale seront connus et ceux-ci pourront donc répondre devant la justice camerounaise.