Contraint à surfer sur une politique monétaire austère, les établissements de crédit de la sous-région ne cessent d’aiguiser leur appétit face à quelques liquidités servis par la Beac, si l’on fait référence à l’offre soumise à ces derniers le 30 juillet 2024.
Dans un communiqué rendu public à la date indiquée plus haut, sur une demande estimée à 511 milliards de Fcfa par les établissements de crédit de la sous-région, la Beac n’a pu mettre à disposition des banques qu’une somme de 120 milliards de Fcfa. Un montant qui a été rapidement capté par ces établissements bancaires qui expriment de plus en plus leur besoin en ce qui concerne les liquidités. Si le montant servi par la Beac est près de 4 fois inférieur à la demande exprimée, il faut souligner que depuis fin 2021, les établissements de crédit de la Cemac sont soumis à une politique monétaire restrictive. Selon les responsables de la Beac, la mise en place de cette politique monétaire inflexible a pour but de ponctionner les coffres-forts des banques afin de restreindre l’accès-crédit aux agents économiques.
À côté de cette restriction la Beac évoque sa ferme ambition de combattre la proportion de 20% de l’inflation qui serait d’origine monétaire. Pour le faire, celle-ci a également entrepris d’augmenter ses principaux taux directeurs. L’objectif de la manœuvre étant de durcir les conditions de refinancement des banques aux guichets de la banque centrale, tout en intensifiant les opérations de reprise de liquidité auprès des mêmes banques.
Si courant février 2023, la Beac avait décidé de suspendre ses opérations d’injection de liquidité dans le circuit bancaire de la Cemac. Au sortir de la première session ordinaire du Comité de Politique Monétaire tenue le 25 mars à Yaoundé sous la présidence de Yvon Sana Bangui, Gouverneur de la Beac et Président statutaire dudit Comité. Ce dernier avait annoncé la reprise des opérations d’injection de liquidité dans le circuit bancaire tout en assurant que certains aspects clés de la politique monétaire restrictive allaient être maintenus.
Pour joindre la parole à l’acte, le 11 juin 2024, la Beac relançait ses opérations d’injection de liquidité dans les banques, avec des volumes de plus en plus importants, passant de 50, 65, 90, 165 voire 185 milliards de FCFA par opération.
Globalement, les autorités de la Beac se trouvent à la croisée des chemins, d’une part y’a la nécessité de combattre l’inflation d’origine monétaire en durcissant les conditions d’accès au financement ; d’autre part et malgré le retour des opérations d’injection de liquidité, on peut observer le besoin en liquidité des banques qui ne cessent de s’accroître. Une situation qui pourrait contraindre l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) de faire de nouvelles concessions.