C’est un cri d’alerte que vient de lancer la Banque Mondiale en indiquant que le taux d’extrême pauvreté pourrait atteindre 25,0% d’ici 2026 au Cameroun soit environ 8 millions de camerounais.
Face au fossé social déjà perceptible, alimenté par la corruption et l’enrichissement illicite pour une minorité, et une majorité qui croupit sous le joug de l’extrême pauvreté avec tous ses corollaires. Comme un couperet, le Baromètre économique de la Cemac publié le 17 juin 2024 par la Banque mondiale révèle que, la population camerounaise vivant dans l’extrême pauvreté a déjà augmenté de plus de 2 millions depuis 2001 et dépasse désormais les 6 millions, soit 23% de la population.
Si l’inégale répartition des ressources est mise en avant pour expliquer cet état de chose, le déséquilibre entre les classes sociales joue également un rôle si l’on se fie à la 5ème Enquête camerounaise auprès des ménages dont le rapport publié le 22 mai 2024 par l’INS indique que, « les 20% les plus riches consomment environ 10 fois plus que les 20% les plus pauvres ». De plus, le statisticien camerounais précise que, «… Près de deux Camerounais sur cinq vivent en dessous du seuil national de pauvreté, fixé à 813 FCFA par jour et par personne … Avec ce seuil, ce sont environ dix millions de personnes qui vivent dans la pauvreté »
Avec une incidence de la pauvreté, qui est passé de 37,5% à 38,6% entre 2014 et 2021, signe d’une dégradation progressive de la question relative à la pauvreté au Cameroun; plusieurs acteurs indiquent que la stratégie nationale de développement 2020-2030 pourrait être heurter à un non accomplissement de ses objectifs en matière de réduction de la pauvreté. En effet, pour le gouvernement, il est question via la SND 30 de ramener l’incidence de la pauvreté à 30,8% d’ici 2030. Une équation difficile à réaliser dans un contexte marqué une fragilité économique nourrit entre autres par des conflits dans le Noso, les affres des groupes islamistes dans la région de l’Extrême-Nord, sans omettre les impacts climatiques observés ça et là à travers le pays.
Loin d’un simple cri d’alarme. À l’endroit des autorités camerounaises, la Banque mondiale propose quelques pistes de solutions pour résorber à la pauvreté galopante qui touche plus de la moitié des 27 millions d’habitants recensés au Cameroun en 2022 (données de l’INS). Entre actions à court terme et stratégie à mettre en œuvre, l’institution de Bretton Woods propose au gouvernement camerounais de réaffecter les économies budgétaires issues de la réduction des subventions aux carburants en investissant dans les programmes sociaux et le capital humain; en apportant à court terme des appuis aux pauvres et aux vulnérables.
En outre, la Banque mondiale note l’impératif d’accélérer la croissance économique. Une stratégie qui devrait davantage acter la création d’emplois décents et réduire ainsi les disparités socio-économiques qui minent l’effectivité de l’inclusion sociale au Cameroun.