La nouvelle forme de la Société nationale d’investissement (SNI) est tributaire à la signature, le 10 juillet 2024 d’un décret présidentiel transformant l’entité publique en société à capital public avec l’Etat comme seul et unique actionnaire.
Dirigée depuis plus de de 21 ans par Yaou Aïssatou, la SNI fera l’objet d’une nouvelle restructuration, 33 ans l’opération actée en novembre 1991. Dans le détail du récent décret, la SNI est désormais dotée entre autres d’une personnalité juridique propre, d’une autonomie financière et de gestion, conformément aux dispositions des lois n° 2017/010 et n° 2017/011 du 12 juillet 2017 portant statut général des établissements publics et des entreprises publiques, à la réglementation de l’acte uniforme Ohada notamment sur la mise en œuvre du Plan directeur d’industrialisation (PDI) actualisé par le gouvernement en 2020.
Dans la même veine, le décret actionne des leviers autorisant la SNI à créer des succursales. «… Elle est notamment chargée, à travers ses filiales : du financement des investissements ; des opérations de capital-risque et de capital-développement ; de l’exercice d’activités d’intermédiation en bourse et de gestion d’actifs ; de la réalisation d’études et de l’appui-conseil ; du suivi des entreprises publiques » précise le texte. Une levée de bouclier qui devrait permettre à la SNI via ses filiales, de procéder à la mobilisation et à l’orientation des financements. L’objet visé étant de favoriser l’investissement productif singulièrement dans les domaines industriel, agricole, minier, financier, commercial et des services.
Malgré un taux de rentabilité nette négatif issu des sociétés de son portefeuille, le texte signé par Paul Biya, le Chef de l’Etat camerounais consacre une nouvelle enveloppe financière à l’entité publique. En effet, pour répondre à ses nouvelles missions, le texte du 10 juillet annonce également une restructuration financière d’une valeur de 200 milliards Fcfa. À en croire le décret présidentiel, les fonds à injectés seront tirés du budget 2024 puis seront versés en quatre tranches annuelles successives de 50 milliards Fcfa à partir de l’année en cours.
Pour rappel, le top management de la SNI n’a pas réussi à capitaliser les acquis de la première réforme opérée en novembre 1991. Une opération par laquelle l’État camerounais avait procédé à l’élimination des pertes sur bilan au moyen de la reprise par le Trésor Public des dettes des bons d’équipement à hauteur de 84 milliards Fcfa. D’ailleurs, dans un rapport sur les entreprises publié en 2022 par la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), l’on observe sur la foi des chiffres communiqués par la Commission que, l’actif immobilisé par la SNI a reculé de 62,2 à 51,2 milliards Fcfa, de même que le résultat net a baissé d’un excédent de près d’un milliard à un déficit de près 5 milliards Fcfa. De plus, au niveau du portefeuille d’entreprises, sur 32 entités, la SNI ne compte que 24 filiales encore en activités. Pour la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) l’on assiste à « une dégradation globale des performances du portefeuille de la SNI, dont le taux de rentabilité nette des sociétés s’est établit à -51,05% en 2019 contre -37,56% en 2018 ».