Alors que la mère des presses dans le monde se porte mal au Cameroun, la Fédération des Editeurs de Presse du Cameroun a tenu le 19 juin 2024 à Yaoundé un séminaire de formation avec pour axe majeur : « les nouveaux paradigmes de la presse écrite ».
Armer les éditeurs de presse, pour aller à l’assaut des parts de marché logées dans le cyberespace à travers la production des contenus adaptés à l’écosystème numérique, réfléchir sur les changements à mener dans l’organisation et le fonctionnement des entreprises de presse écrite, créer des instruments susceptibles d’aider les éditeurs de presse à mettre sur pied ne nouvelles stratégies d’action et témoigner des expériences vécues et des observations sur le terrain en vue d’enrichir leurs démarches, telles étaient les principaux raisons de la tenue de cette rencontre.
Au moment où le monde connait un boom sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, la presse écrite connait un déclin sur son expansion. Migrer vers le numérique, est alors très important quand l’on sait que beaucoup de journaux occidentaux qui ont compris et appliqués cette migration bénéficient des retombées. Selon le constat de la Fédération des Editeurs de Presse du Cameroun, la presse écrite camerounaise ne s’est pas préparé à l’entrée dans le nouvel écosystème économique qui est le numérique. Il est question pour la presse écrite de s’arrimer aux NTICs afin de se retrouver un modèle économique qui va en droite ligne avec les paradigmes actuels. « Avec le digital aujourd’hui, il y a une nouvelle manière d’écrire, une nouvelle manière de se comporter sur le terrain, une nouvelle manière de donner un sens à l’information parce que lorsqu’on revient après, les réseaux sociaux ont déjà traité l’information à sa manière, il est donc question pour la presse écrite d’aller en profondeur. En ce qui concerne l’entreprise, il y a un effort à fournir au niveau des pratiques à opérer. On ne peut plus tout mettre sur papier car le rapport du lecteur au kiosque a changé. Plusieurs des lecteurs reçoivent les contenus sur les smart phones, certes nous devront conserver le papier mais, digitaliser au maximum les contenus. Ceci à travers les sites webs, les community managers pour une interactivité où se trouve les lecteurs. Ceci va amener les annonceurs qui eux cherchent les audiences au niveau des réseaux sociaux… », déclare George Alain Boyomo, Directeur de Publication du journal Mutation.
« Il me semble important que des journalistes se réunissent, se parlent, échangent sur un ensemble et essayent de trouver des solutions ensemble aux questions qui les touchent pour résoudre les problèmes qu’ils ont… Parce que le journalisme est d’abord un métier collaboratif. C’est une profession en émergence qui n’arrête pas de s’organiser toujours. Et cette organisation obéissant elle-même au rythme de production des technologies, qui vont donc avoir un impact sur l’organisation professionnelle… L’idée ici est de rechercher des solutions pérennes pour que la presse écrite puisse participer au développement social, du point de vue économique, culturel, etc., mais également être une activité professionnelle qui permet de nourrir ceux qui la choisissent », souligne le Pr Boyomo Assala ex-Directeur de l’Esstic.
Cette rencontre qui a connu la présence de plusieurs figures journalistiques à l’instar du Pr Boyomo Assala ex-Directeur de l’Esstic et bien d’autres était ponctuée par une leçon inaugurale véhiculé par le Pr Felix Zogo, Secrétaire Générale du Ministère de la Communication. Coté exposé, le Pr Nta à Bitang enseignant et chercheur, Directeur Adjoint de l’Esstic a fait des analyses sur les défis et contraintes de la presse écrite. Il était question de dresser un état des lieux de la presse écrite camerounaise, relever les difficultés conjoncturelles et structurelles et de discuter des responsabilités de ce marasme tant de la corporation que des pouvoirs publics.
Entrer dans le sujet du numérique, Beaugas Orain Djoyum, Directeur de publication de Digital Business Africa a exposé sur le thème « Presse écrite à l’ère du numérique : Évolution et adaptation des contenus ». Trois axes ont conduit cette exposé à savoir : examiner comment la migration numérique influence la création et la distribution de contenu médiatique, mettre en lumière la diversification des contenus avec les nouvelles tendances telles que la vidéo en ligne, les podcasts, et les médias sociaux et les nouvelles contraintes de collecte et de traitement. La dernière articulation était d’aborder l’adaptation des médias aux références et habitudes de consommation numériques, en mettant en lumière les nouveaux protocoles de publication des nouvelles.
Marie-Germaine NZIE, Senior Manager Corporate Affairs chez MTN Cameroon, qui a présenté la solution Y’ello Kiosk axé sur le nouveau modèle économique et managérial de la presse écrite au Cameroun. Evaluer les implications de la migration numérique sur l’organisation et la structuration des entreprises de presse écrite ; débattre des sources de revenus, entre modèles hybriques fonds participatifs, monétisation et bien d’autres ; proposer des pistes pour garantir une information de qualité pour fidéliser les lecteurs produits par des entreprises de presses viables et ancrées dans leur environnement, tels étaient les axes de l’exposé.