Mise en circulation le 15 décembre 2022 à l’issue d’une résolution du comité Ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) prise le 7 novembre de la même année, la nouvelle gamme des billets de banque fait l’objet de la contrefaçon deux ans après son application.
Depuis plusieurs mois, le circuit économique camerounais est l’objet de la recrudescence du phénomène des faux billets. Dans le viseur des disciples de la contrefaçon, les coupures de 2000 FCFA, 5000 FCFA et 10.000 FCFA malgré toutes les garanties de sécurité que la Banque des États de l’Afrique Centrale(BEAC) avait présentées pour stop avec ce phénomène. Dans les banques et autres lieux des échanges commerciaux, les usagers sont obligés de redoubler de vigilance, tellement les faux billets sont proches des vrais. Ils sont contraints d’utiliser les stylos lampes, les compteurs et autres outils adaptés afin de vérifier l’authenticité des différentes coupures.
Au cœur de cette situation, le Docteur André KADANDJI, économiste et enseignant à l’université catholique Saint-Jérôme de Douala tente de percer le mystère cette gangrène monétaire. « plusieurs facteurs explique ce fléau, il faut notamment relever trois choses en occurrence l’aspect comportemental des agents économiques dans la zone CEMAC en général et au Cameroun en particulier, l’autre aspect c’est les défaillances observées au niveau des signes de sécurité mises en place par la BEAC et le dernier aspect demeure l’ingéniosité de ces contrefacteurs qui à chaque fois trouvent des astuces pour contourner les éléments de mesure misent en place par la banque centrale », explique-t-il. Pourtant, selon la Banque Centrale des États de l’Afrique Centrale (BEAC) la mise en circulation des nouveaux billets dans la zone CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, Guinée équatoriale et Tchad) visait principalement à avoir une longueur d’avance sur les contrefacteurs à travers la mise sur le marché des billets comportant des signes de sécurité modernes et difficilement falsifiable avec pour corollaire une limitation de la circulation des faux billets.
Au regard de la prolifération cette problématique, l’expert en banque et finance n’exclut pas l’hypothèse d’un impact significatif pour le microcosme économique « dans le cadre de ce fléau, il faut relever que la mauvaise monnaie chasse la bonne monnaie selon la loi de Greshman lorsqu’il existe deux moyens de paiement concurrents en circulation, les agents préfèrent se débarrasser de celui qu’ils considèrent comme le moins sûr susceptible de perdre du pouvoir d’achat ou d’être moins liquide, c’est-à-dire de faire l’objet de difficultés d’écoulement ultérieures. D’où il Y’a de forte chance que le niveau d’inflation augmente. »
Dans un contexte où le contrôle de la masse monétaire par les autorités compétentes devient de plus en plus difficile en raison de l’invasion de faux billets, le Docteur André KADANDJI estime que face à cette crise, il serait important que la BEAC et l’État prennent des mesures afin d’en découdre avec ce frein pour les échanges commerciaux. « La banque centrale devrait donc revoir les signes de sécurité qu’elle a bien voulu mettre en évidence pour encadrer cette nouvelle gamme de billets, en synergie avec l’État elle devra mettre des stratégies afin que ces signes de sécurité soient perceptibles par tous les utilisateurs tout en réprimant sévèrement les adeptes de la contrefaçon afin qu’ils puissent servir d’exemple aux autres. ».
Au moment où le phénomène de la recrudescence des faux billets poursuit son chemin à une vitesse supersonique dans les espaces commerciaux du triangle national avec pour villes de référence Douala et Yaoundé, l’inflation continue de dicter sa loi au sein des ménages de l’étendue du territoire national en alimentant le rythme de la baisse du pouvoir d’achat.
Faustin KENMOGNE