Dans une décision historique, la Belgique a signé un décret royal interdisant l’exportation de carburants toxiques vers l’Afrique, une mesure qui vise à protéger la santé publique et l’environnement contre les effets néfastes des carburants à haute teneur en soufre et en benzène.
Le 23 mai dernier, un pas décisif a été franchi par la Belgique dans la lutte contre la pollution environnementale et la protection de la santé publique en Afrique. Trois membres éminents du gouvernement belge, la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi, la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten, et le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, ont apposé leurs signatures sur un décret royal qui interdit formellement l’exportation de carburants toxiques vers le continent africain.
Ce décret, qui entrera en vigueur en 2024, exige que les carburants destinés à l’exportation respectent les normes de qualité européennes, mettant fin à la pratique de « blending » qui produit des carburants de qualité inférieure, connus sous le nom de « african quality ». Ces carburants, souvent vendus à bas prix, contiennent des niveaux élevés de substances dangereuses telles que le soufre et le benzène, qui sont particulièrement nocives pour la santé des populations locales et pour l’environnement.
La révélation de cette pratique par l’ONG suisse Public Eye en 2016 a mis en lumière les activités de grandes sociétés de trading pétrolier, principalement basées en Suisse, qui exportent des carburants de mauvaise qualité depuis des ports européens tels que Rotterdam, Amsterdam et Anvers. Ces sociétés, dont Vitol, Trafigura, Addax & Oryx, et Glencore, ont été accusées de profiter des normes légales laxistes en Afrique pour réaliser des profits au détriment de la santé des populations africaines.
La Belgique, qui est le cinquième plus grand fournisseur du Cameroun, a pris cette mesure proactive un an après que les Pays-Bas ont imposé des restrictions similaires. Cette décision est d’autant plus significative que la Belgique joue un rôle stratégique dans les échanges commerciaux avec le Cameroun, avec des importations s’élevant à 375,9 millions de tonnes pour une valeur de 220,9 milliards de FCFA en 2023, incluant des produits tels que les carburants, le blé et les médicaments.
La ministre Khattabi a souligné l’urgence de cette interdiction, en déclarant que les carburants toxiques exportés depuis la Belgique contribuent à une mauvaise qualité de l’air et sont cancérigènes dans des pays comme le Ghana, le Nigeria et le Cameroun. Elle a exprimé sa détermination à empêcher que le commerce de ces carburants polluants ne se déplace davantage vers la Belgique suite aux restrictions néerlandaises.
Cette mesure est saluée comme un tournant dans la lutte contre la pollution et la protection de la santé en Afrique, et elle met en lumière la nécessité d’une action internationale concertée pour mettre fin à la vente de carburants toxiques sur le continent africain.
Cassandra EYADA