Au moment où les autorités camerounaises revendiquent 130 milliards Fcfa versés en 23 ans aux Collectivités territoriales décentralisées dans le cadre de la redevance forestière et la taxe d’affermage; 9 ONG sont sur le gril de Yaoundé, qui n’apprécie guère le ton employé par celles-ci pour dénoncer auprès des chancelleries occidentales, la déforestation galopante observée au Cameroun.
«.. il n’est pas compréhensible que le droit à l’existence des Ong puisse se réaliser dans la délation et la négation des évidences et au détriment de l’image du Cameroun », ces mots du patron des forêts et de la faune, Jules Doret Ndongo sonnent comme une sorte de recadrage face aux plaintes exprimées par 9 organisations non-gouvernementales (ONG) nationales et internationales dites de défense de l’environnement ( Greenpeace, Green Development Advocates… Etc). À l’origine de cet imbroglio sur la politique climatique du gouvernement camerounais; les ONG évoquent l’affaire d’une concession de 60.000 hectares de terres accordée il y a quelques années à l’agro-industriel Camvert pour le développement d’une palmeraie dans la localité de Campo-Ma’an (Région du Sud) et la transformation du massif forestier d’Ebo (Région du Littoral) en unités forestières d’aménagement (Ufa) de 68 385 et 65 000 hectares respectivement.
Dénoncer la déforestation, une sécurité pour la planète
«… Le Cameroun est un pays à haut risque de déforestation et de dégradation des forêts », précise la coalition des ONG militant pour la protection de l’environnement dans une missive adressée aux ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France, des Etats-Unis, du Canada, des Pays-Bas et à la Commission de l’Union européenne, pour dénoncer le caractère sauvage et barbare de la déforestation au pays de Paul Biya. Bien que ces organisations aient relevé leurs vives préoccupations concernant la déforestation à grande échelle pour les plantations agro-industrielles et la dégradation des forêts due à l’exploitation forestière industrielle illégale au Cameroun; à Yaoundé, le pouvoir en place rétorque, « la déforestation à haut risque et la dégradation des forêts alléguées sont une vue de l’esprits »
Une déforestation encadrée
Si le ministre des forêts et de la faune admet que, «.. Les 2,5 millions m³ de bois légal mis annuellement sur le marché local et international représentent 30% de la capacité annuelle de production »; du côté des ONG, la pilule a du mal à passer et un état des lieux du cadastre forestier national est vite dressé. Un état des lieux jugé caricatural et faux par le patron des forêts et de la faune qui en remet une couche, en indiquant que la superficie des aires protégées du Cameroun couvre 9 837 310.07 hectares soit 20,71% du territoire national. Dans cette passe d’arme entre les ONG et le gouvernement camerounais, les autorités de Yaoundé assure que, «… Le taux de déforestation du Cameroun est d’environ 0,6% … parmi les plus faibles au niveau de la sous-région du Bassin du Congo… Et bien en deçà de l’objectif de 12% des Nations unies ».
Malgré des multiples justifications de la part du gouvernement, à l’international, le regard est tout autre si l’on s’en tient aux propos de Jules Doret Ndongo à l’endroit de la communauté dite internationale, « Notre pays qui attache du prix au respect de ses engagements pour les grandes causes écologiques mondiales et la lutte contre le changement climatique, attend plutôt de ses partenaires qu’ils tiennent leurs promesses solennellement faites lors des grandes rencontres internationales… ». Une affirmation qui semble donc simplement indiquer que le coupable est à rechercher ailleurs.