Dans un contexte économique fluctuant, le Cameroun a enregistré une baisse significative de ses importations de friperies en 2023, avec un volume de 61 221 tonnes évalué à 30,2 milliards de FCFA, selon le rapport de l’Institut national de la statistique (INS). Cette donnée marque une chute de 13,6 milliards en neuf ans, reflétant une tendance à la baisse depuis 2015 où les importations s’élevaient à 43,8 milliards de FCFA.
Bien que le volume des importations ait connu une légère hausse par rapport à l’année précédente, la réduction des coûts est notable et s’inscrit dans une dynamique de long terme. En remontant à 2008, les chiffres étaient encore plus éloquents avec des importations atteignant 67 milliards de FCFA, et un pic à 97 milliards de FCFA en 2011. Ces données illustrent une évolution majeure dans les habitudes de consommation et la gestion des importations de vêtements usagés.
Malgré cette baisse, la friperie demeure un acteur clé du secteur de l’habillement au Cameroun, éclipsant une industrie coton-textile-confection locale en perte de vitesse. Les producteurs locaux ne détiennent plus que 5% du marché, largement influencé par des produits importés, souvent issus de la contrebande.
Face à cette situation, le gouvernement camerounais a intégré la revitalisation de cette filière dans sa Stratégie nationale de développement 2020-30 (SND30). Ce plan vise une transformation structurelle de l’économie, avec l’objectif d’accroître la production cotonnière nationale à 600 000 tonnes par an et de transformer localement la moitié de cette production d’ici 2030.
La stratégie gouvernementale mise sur le développement d’une industrie locale de fabrication et de confection de tenues. L’objectif est double : équiper les grands corps de l’État avec des vêtements composés d’au moins 60% de coton local et répondre à 50% de la demande nationale en tenues de sport.
Ces initiatives, si elles se concrétisent, pourraient réduire davantage les importations de friperies et contribuer à résorber le déficit commercial du pays, qui a dépassé les 2 000 milliards de FCFA en 2023. Le Cameroun se tient donc à l’aube d’une potentielle renaissance textile, où la valorisation du local est au cœur des enjeux économiques et sociaux.
Cassandra EYADA