Braderie de terres – Comment Eyebe Ayissi a voulu s’approprier 400 000 hectares de terres dans la Haute Sanaga

Partager...

L’affaire remonte au 12 décembre 2023; lorsque, via une correspondance signée par ses soins, le Ministre des domaines, Henry Eyebe Ayissi accordait par dérogation spéciale, une parcelle d’une superficie de 400 000 hectares à Lyrebird Capital Company Limited (LCCL) pour la production industrielle du manioc.

Alors que l’affaire a tellement fait parler en haut lieu et au sein de l’opinion camerounaise, « en exécution des hautes instructions de la présidence de la République », le Ministre des domaines est lui-même monté au créneau pour signifier que l’action de cession de ladite parcelle avait été stoppée.

En effet, selon le mindcaf, «… Prenant acte des informations contenues dans la correspondance sus référencée en date du 5 avril 2024, par laquelle le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République m’a interpellé relativement à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous faire connaître que… Les termes de ma correspondance du 12 décembre 2023 vous accordant une dérogation spéciale pour la mise en œuvre de la procédure de concession provisoire sur une parcelle du domaine nationale d’une superficie d’environ 400 000 hectares, répartie dans 12 groupements de l’arrondissement de Nanga-Eboko, ont été rétractés ». Réputé proche du Palais d’Etoudi, la majorité des camerounais se demande comment un homme qui vante à n’en point finir les vertus du Renouveau, a voulu brader par le truchement de l’entreprise Lyrebird Capital Company Limited représenté au Cameroun par Jean Baptiste Nganda, environ 400 000 hectares de terres dans l’arrondissement de Nanga-Eboko dont la Première dame, Chantal Biya ainsi que le SGPR, Ferdinand Ngoh Ngoh sont originaires.

Les Hautes Instructions, une arme redoutable

Au delà de l’appel à la prudence lancé par Pr Joël Meyolo, enseignant à l’université de Yaoundé 1 et natif du département de la Haute-Sanaga, lequel laissait déjà entrevoir un flou dans ce dossier, «  Chères autorités administratives, municipales et traditionnelles de l’arrondissement de Nanga-Eboko, il n’est pas possible, quelles que soient les motivations qui sont les vôtres, de valider un projet qui tend à céder à une entreprise fictive ou à n’importe quelle d’ailleurs, 400 000 hectares de terre sur les 700 000 que compte l’arrondissement de Nanga-Eboko… » ; l’on avait observé la même attitude lors d’une réunion d’information et de concertation initiée le 02 avril 2024 par le préfet du département de la Haute-Sanaga, Albert Nanga Dang.

Si les Hautes Instructions justifient le rétropédalage du mindcaf d’après la correspondance confidentielle adressée au responsable de Lyrebird le 29 avril 2024, où le mindcaf assure, «… Prenant acte des informations contenues dans la correspondance sus référencée en date du 5 avril 2024, par laquelle le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République m’a interpellé relativement à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’en exécution des hautes instructions de la présidence de la République, les termes de ma correspondance (…) du 12 décembre 2023 vous accordant une dérogation spéciale pour la mise en œuvre de la procédure de concession provisoire sur une parcelle du domaine nationale d’une superficie d’environ 400 000 hectares, répartie dans 12 groupements (…) de l’arrondissement de Nanga-Eboko, ont été rétractés », les ONGs de défense de l’environnement ont également joué un rôle prépondérant.

Protéger l’environnement, une lutte permanente

Stoppé net par la Présidence de la République, le projet de cession provisoire de 400 000 hectares de terres arables à l’entreprise Lyrebird Capital Company Limited (LCCL) révélé le 27 mars 2024, rappelle d’autres scénarios vécus dans la bataille pour la préservation de l’environnement.

En effet, courant 2016, Neo Industry, une entreprise agro-industrielle avait sollicité la cession provisoire de 26 000 hectares de terrain dans la région du Sud pour y mener des activités en lien avec la cacaoculture. Sous la pression des ONG en charge de la protection de l’environnement et de défense des intérêts des populations riveraines des plantations industrielles, la concession provisoire de 26 000 hectares avait été annulée courant 2021, 5 ans après une lutte âpre entre les populations et l’État du Cameroun.

Le même scénario avait été observé avec Herakles Farms, qui après avoir obtenu une concession de 20 000 hectares de l’Etat du Cameroun dans la région du Sud-Ouest pour ses palmeraies; jetait l’éponge face à la pression exercée par les ONGs. De manière globale, l’action initiée par les pouvoirs publics, si elle reflète non seulement le souci de préserver la paix sociale, mais aussi de barrer la voie à la braderie de terres par des individus ou des entreprises agro-industrielle; cette même action reste critiquable dans les autres régions du pays où l’Etat à cédé des espaces de terres malgré l’accrochage avec les ONGs de défense de l’environnement.

Related posts

Leave a Comment