La récente augmentation du droit de sortie sur le bois en grumes au Cameroun a entraîné une baisse significative des recettes d’exportation, avec une chute de 35% en deux ans. La situation pourrait s’aggraver avec l’application d’une taxe encore plus élevée prévue pour 2024.
Le secteur forestier camerounais, jadis florissant, fait face à une crise économique sans précédent. Les recettes d’exportation de bois en grumes ont subi une baisse alarmante de 35% en l’espace de deux ans, une situation exacerbée par les décisions gouvernementales visant à augmenter le droit de sortie pour encourager la transformation locale du bois.
Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), les chiffres sont éloquents : les revenus issus de l’exportation de bois en grumes ont chuté de 98,4 milliards de Fcfa en 2021 à 64,3 milliards en 2023, avec une diminution de la quantité exportée de 361 800 tonnes. Cette régression est le résultat direct de l’augmentation progressive du droit de sortie, passant de 35% à 50% en 2022, puis à 60% en 2023. La tendance à la baisse risque de se poursuivre avec l’introduction d’une taxe de 75% dans la loi de finances de 2024.
Face à ces pertes substantielles, le Cameroun, en accord avec les décisions du Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC), a opté pour une restriction progressive de l’exportation du bois brut, visant une interdiction totale à partir du 1er janvier 2028. Cette mesure, déjà en place au Gabon depuis une décennie et adoptée par le Congo en 2023, devrait également s’appliquer en RCA, Tchad et Guinée équatoriale.
Le bois en grumes représente une part importante des revenus nationaux pour le Cameroun, et la baisse des recettes globales de plus de 14% en 2023 met en évidence la nécessité pour le pays de diversifier ses sources de revenus. La filière bois, en particulier, a connu une année 2023 difficile, avec des performances en baisse dans toutes les catégories : les exportations de bois et ouvrages en bois ont diminué de 8,4%, les bois sciés de 6,1%, les feuilles de placage en bois de 11,3%, et les bois contre-plaqués, bois plaqués et bois stratifiés similaires de 7,6%. Même les boîtes et cartons en papier n’ont pas été épargnés, avec une baisse de 11,7%.
Cette situation préoccupante appelle à une réflexion stratégique sur l’avenir économique du secteur forestier camerounais. Les autorités sont désormais confrontées au défi de compenser les pertes tout en soutenant la transformation locale du bois, une initiative qui pourrait à terme renforcer l’industrie nationale mais qui, dans l’immédiat, nécessite des ajustements économiques et des mesures d’accompagnement pour les acteurs du secteur.
Cassandra EYADA