Huiles de vrac – Le Cameroun se fout-il de la norme NC 77 ?

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Comme une danse bafia, les autorités camerounaises ont du mal à s’accorder entre l’interdiction totale et l’autorisation partielle de la vente de l’huile de vrac, huile pourtant réputée dangereuse pour la santé des consommateurs; une attitude qui vient questionner sur le respect de la norme NC 77 relative à l’usage des huiles végétales.

Si un arrêté conjoint des ministres de la Santé publique, de l’Industrie et du Commerce signé le 24 août 2011 vient poser les jalons du respect de la norme et rappeler les sanctions y afférentes, « … La norme NC 77 est d’application obligatoire… Le non-respect de ladite norme expose l’entreprise contrevenante entre autres sanctions, à sa suspension du droit à l’attribution d’une quotité de matière première » ; à Yaoundé, le match de toute les incompréhensions se poursuit en Haute Définition.

Des correspondances ambiguës

Si la correspondance adressée au mincommerce en date du 18 mars 2024 soutient clairement de lever partiellement la mesure d’interdiction au Cameroun de la vente des huiles de palme non marquées au profit des grands consommateurs industriels de la filière huile de palme; que la mesure vient en soutien aux promoteurs et aux grands clients industriels tels que les savonneries, les pâtisseries, les chocolateries, les boulangeries… etc afin d’apaiser le climat des affaires déjà très tendu dans le pays, en raison de divers chocs exogènes. En date du 14 mai 2024, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana en remettait une couche via une correspondance à l’endroit des responsables des entreprises de la seconde transformation de l’huile de palme (producteurs d’huile raffinée et savonneries), pour rappeler l’exigence et le caractère obligatoire de l’application de la norme NC 77 relative aux huiles végétales portant un nom spécifique et enrichies à la vitamine A. Malgré ce nouveau rappel à l’ordre du mincommerce, il faut souligner que les correspondances venues des services du Premier Ministre semble semer un air de paradoxe.

En effet, après avoir lever partiellement l’interdiction sur les huiles de vrac, l’on avait assisté quelques jours après, à une prolifération galopante de ce produit sur le marché camerounais; une situation qui avait à nouveau obligé le directeur de cabinet du Premier ministre, Balungeli Ebune Confiance à se raviser dans une nouvelle correspondance au ministre du Commerce le 3 avril 2024.

Dans cette correspondance l’on peut lire, « Dans le cadre des démarches relatives à la problématique de la consommation d’huile non marquée, et suite à notre correspondance antérieure, le Premier ministre vous réitère le respect des termes de votre lettre du 19 septembre 2023 ( lettre relative à l’interdiction de la vente de l’huile de vrac)  ». De façon claire, la dernière correspondance venu des services du Premier Ministre fait un rétropédalage en maintenant l’interdiction de la vente des huiles en « vrac »; sauf que sur le terrain, la réalité est tout autre, ce qui entretient de plus en plus la confusion. Au gré de multiples courriers qui tantôt interdisent ou autorisent; le consommateur, acteur majeur de la chaîne ne sait plus se mettre.

Le vrac, une non conformité manifeste À la lecture de la 2ème édition sur la norme NC 77 datant du 16 février 2011 notamment dans les sections hygiène; conditionnement et étiquetage, plusieurs paramètres entrent en jeu pour valider la consommation d’une huile végétale enrichie à la vitamine A.

Selon les critères définis par l’ANOR à la section Hygiène, article 7 alinéa 2, les produits doivent répondre à tous les critères microbiologiques établis conformément aux principes régissant l’établissement et l’application des critères microbiologiques pour les aliments.

Plus loin à la section dédiée au conditionnement/emballage, la norme indique que «… Les huiles végétales portant un nom spécifique enrichies en vitamine A doivent être conditionnées dans des récipients translucides et hermétiques .L’emballage de ces récipients doit être opaque… Les huiles végétales portant un nom spécifique enrichies en vitamine A ne doivent pas être exposées à la lumière du soleil ou à une température excessive à tous les stades de leur entreposage, de leur transport ou de leur vente »

Enfin, le volet étiquetage vient davantage faire des clarifications, «… Le produit doit être étiqueté conformément à la Norme générale Codex pour l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées CODEX STAN 1-1985, Amend.7.2010., et son équivalence nationale NC 04 :2000-20- Etiquetage des denrées alimentaires préemballées au Cameroun ».

Or, au regard des données précédentes, l’on se rend bien compte que l’huile de vrac ne respecte aucun de ces critères mais reste tout de même très accessible dans les marchés et à bas prix.

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