Le Cameroun se tient à l’aube d’une révolution agricole qui pourrait voir les revenus de l’agriculture locale multipliés par quatre grâce à la digitalisation. Ce projet ambitieux, s’il surmonte les obstacles à son déploiement, promet de transformer radicalement l’agriculture à petite échelle dans le pays.
Malgré les défis, la digitalisation de l’agriculture camerounaise est en marche. Le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) souligne que 80 % de la nourriture au Cameroun est produite par de petits producteurs. L’introduction de technologies digitales telles que les drones, les capteurs de terrain, le big data ou le machine learning pourrait déclencher une ère de prospérité sans précédent pour ces agriculteurs.
Armand Doudjo, président du conseil exécutif de C-3A, a récemment mis en lumière une application révolutionnaire qui fonctionne même hors ligne, se mettant à jour dès qu’une connexion Internet est disponible. « Il y a aussi la possibilité d’envoyer des SMS d’information à nos agriculteurs, peu importe l’endroit où ils se trouvent, » a-t-il ajouté, soulignant la création d’un écosystème impliquant des partenaires financiers et des assureurs pour soutenir les acteurs agricoles du Cameroun.
Cependant, le chemin vers la digitalisation n’est pas sans embûches. Les limites telles que le manque de financement, d’infrastructure de connectivité et l’accessibilité aux technologies numériques suscitent le scepticisme. Yane Boloh, expert agroéconomiste agréé par le CTA, a exprimé des réserves quant à la réalisation effective du projet. « L’opportunité est certes idoine, mais il faut être moins naïf sur les défis à relever, » a-t-il prévenu, ajoutant que le nombre d’utilisateurs actifs sera relativement faible dans le contexte actuel, avec une estimation que « seulement 10 à 20 % des 500 000 acteurs seront très actifs sur un service numérique ou similaire ».
Le Cameroun, à l’instar de la zone CEMAC qui se prépare à démonétiser les billets de la gamme 2002, est à un tournant décisif. La digitalisation pourrait être le catalyseur nécessaire pour moderniser l’agriculture et propulser le secteur vers une efficacité et une rentabilité accrues. Reste à voir si les acteurs sauront transformer ces défis en opportunités pour réaliser le plein potentiel de l’agriculture digitale.
Cassandra EYADA
