Malgré un désintérêt manifeste des banquiers de la zone Cemac, la Beac entend retirer la somme de 150 milliards de Fcfa des banques de la sous-région via trois opérations d’émission de bons Beac.
Si lutter contre la proportion de l’inflation d’origine monétaire évaluée actuellement à 20% par le biais d’une restriction d’accès au financement bancaire, est la raison mise en avant pour justifier ces opérations ; il faut indiquer que les banques de la Cemac affichent leur frilosité, l’austérité des critères faisant foi.
En effet, depuis le 08 Avril 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale a lancé la première émission de Bons Beac estimée à 50 milliards de Fcfa. Celle-ci portait sur des titres de 28 jours de maturité sur une rémunération à 3,5% de taux d’intérêt nominal. Dans l’attente des résultats de la première émission de Bons Beac, les deux autres sont projetées pour les 15 et 22 avril 2024 ; à 50 milliards de Fcfa chacune, elles portent sur des titres de 14 jours de maturité et sont assorties d’un taux d’intérêt de 2,5%.
Alors que les acteurs bancaires attestent que leur souci premier est de continuer à financer l’économie sous-régionale malgré la mise en place d’une politique monétaire restrictive par la banque centrale ; Yvon Sana Bangui, le Gouverneur de la Beac estime que le désintérêt prononcé des banques au cours de ces opérations est lié à la qualité des critères d’éligibilité, lesquels semblent visiblement trop contraignants indique t’il. À propos des conditions d’éligibilité susmentionnés, l’on apprend que, pour participer à ces opérations, les banques doivent s’assurer de ne pas solliciter de facilité de la Beac pendant la période de maturité de l’instrument émis d’une part ; d’autre part, les banques doivent intégrer que les bons Beac ne sont pas éligibles au refinancement de la banque centrale.
Bien que ces opérations visent à céder de la liquidité à la banque centrale contre rémunération, le Gouverneur de la Beac n’exclut pas la possibilité pour la banque centrale de revoir les conditions d’éligibilité ; l’objectif étant d’attirer davantage les banques commerciales vers les valeurs émises par la Beac.
Pour rappel, la banque centrale est à sa 3ème série d’émission de bons Beac, ces opérations sont devenues une arme redoutable de l’institution d’émission pour assécher la liquidité bancaire. Une énième série d’émission qui intervient après l’échec retentissant de la première série déclarée infructueuse, faute de souscriptions ; même s’il faut relever que la 2ème série avait quant à elle enregistré des taux de couverture de la demande atteignant à peine 30%.
