C’est le constat amer fait par l’Institut National de la Statistique; entre 2018 et 2022, le pays de Paul Biya a importé 1 043 916 tonnes de poissons de mer congelés, et à date, les autorités camerounaises projettent de réduire à 15% le niveau de dépendance du pays aux importations d’ici 2025.
Engagé dans une véritable dynamique d’impôt-substitution afin de réduire le déficit commercial dans ce segment, le Cameroun envisage la mise en place d’importantes réformes structurelles.
Parmi ces réformes, « la révision des textes législatifs et réglementaires régissant la pratique de l’aquaculture et de la pêche au Cameroun ; la construction des infrastructures de conservation et de stockage et l’acquisition des infrastructures de transport des produits halieutiques (débarcadères, entrepôts et camions frigorifiques ; le désenclavement et l’aménagement des bassins de production maritime et continentale ; la structuration et l’appui à l’installation des acteurs de la pêche et de l’aquaculture dans les bassins de production » lit t’on dans le Plan intégré d’import-substitution agro pastoral et halieutique 2024-2026.
Bien que le côté pratique de ces mesures reste en attente, il faut indiquer que la production actuelle de poisson reste faible face à une demande estimée à plus de 400 000 tonnes. Pour l’année 2023, cette production a été estimée à près de 230 000 tonnes et les prévisions faites situent le volume à 324 250 tonnes d’ici 2025 et 450 530 tonnes en 2030, ce qui réduirait à 3% la dépendance du pays vis-à-vis des importations.
Si plusieurs initiatives ont vu le jour afin de satisfaire la demande locale, le poisson importé congelé reste très présent dans le panier de la ménagère; un marché contrôlé à 80% par les Congelés du Cameroun (Congelcam) de l’homme d’affaires, Sylvestre Ngouchinghe suivi de près par Cameroun frais, ETS Zumi, Green SEA, Lehas, Queen Fish et Scimex qui se disputent les autres 20% du marché.
Grossomodo, si les mesures préconisées en amont ne sont pas effectives sur le terrain, le Cameroun continuerai donc à importer, ce qui impacterait les efforts entreprises par les pouvoirs publics tout en diluant les initiatives locales mises sur pied dans le cadre du développement des chaînes de valeur agro-pastorales. Les grands importateurs tels que Congelcam garderaient ainsi le monopole du marché de distribution et le déficit commercial du Cameroun va poursuivre son effondrement.