La Commission des forêts d’Afrique centrale (Comifac) et le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans une étude menée entre février et mai 2023 pour la periode de 2017 à 2021, indique le Bassin du Congo a mobilisé 24 milliards Fcfa par rapport à l’Amazonie qui a mobilisé 600 milliards Fcfa, soit 25 fois plus.
Le Bassin du Congo, deuxième plus grand forestier mondial a bénéficié à 67% des financements d’aides publiques et 25% des prêts. S’il faut faire une comparaison avec l’Amazonie qui est le grand bloc forestier du monde, 600 milliards soit 1 milliard Dollar ont été mobilisé pour le financement. Selon Chouaibou Nchoutpouen, secrétaire exécutif adjoint et coordonnateur technique de la Comifac, « Les procédures administratives sont très lourdes en Afrique Centrale, ce qui n’attire toujours pas les investisseurs et les organisations qui élaborent les projets ou qui apportent l’assistance technique pour l’élaboration des projets » au cours d’un atelier de coordination de l’initiative Comifac-WWF, tenu les 27 et 28 février 2024 à Douala. Pour aller plus loin, le secrétaire exécutif adjoint déplore le fait que beaucoup des experts qui élaborent les projets sont souvent écartes à la faveur des pseudos experts qui n’ont aucune maitrise du sujet. « Ces projets sont mal ficelés et ne sont pas bancables ; finalement, il n’est pas possible de mobiliser des financements », indique-t-il.
Bien que certains financiers ne soient pas que des donateurs, il n’en demeure pas moins que ceux-ci attendent parfois un retour sur investissement. Du coup, le problème d’insécurité dans certaines parties du Bassin comme la Centrafrique et le République Démocratique du Congo ne favorisent pas le financement. De l’autre côté, Jonas Kemajou Syapze, responsable financier Tridom, WWF, indique le fait que même quand les financements sont disponibles, beaucoup de ceux qui en disposent ne respectent pas les engagements. « Les 1,5 milliard de dollars d’engagement dans le cadre du Fair Deal lors de la COP 26 à Glasgow n’ont pas été décaissés à ce jour, mais plutôt des fonds de l’aide publique au développement (APD) ont été recyclés et présentés comme tels. Ce qui n’est pas juste et devrait interpeller les gouvernements dans la véracité des engagements des partenaires. S’agissant des fonds de l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (Cafi), la RDC, le Congo, le Gabon et le Cameroun ont des lettres d’intention avec les premiers décaissements qui n’étaient pas encore effectués en 2021 pour ceux qui l’ont déjà reçu à ce jour. Quant aux Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF), seuls les décaissements pour la readiness (préparation à la Redd+) assortie des programmes de réductions des émissions ont été décaissés pour des montants variant entre 2 et 5 millions par pays de la sous-région engagés ».
En tirant la sonnette d’alarme sur les répercussions graves liées aux manques de financements, la Comifac indique qu’étant le massif forestier comptant 180 millions d’hectares, joue un rôle très important dans la biodiversité mondiale et les objectifs climatiques. Mais pour augmenter les financements, un mémorandum de financements a été signé en décembre 2023 entre la Comifac et WWF ceci dans le but renforcer le processus de gouvernance des initiatives de financement climatique et de la biodiversité.