Confrontée à une dégradation considérable de la connexion internet depuis le 14 Mars 2024, l’économie camerounaise enregistre une perte évaluée à plus de 500 millions de fcfa par jour d’après les spécialistes en la matière, et malgré un retour progressif à la normale, lesdites pertes pourraient se poursuivre précise Beaugas Orain Djoyum, CEO du cabinet ICT Media Stratégies, spécialisé dans la veille stratégique, l’e-réputation et la régie publicitaire web.
Causées par « la rupture de la connectivité sur certains câbles sous-marins à fibres optiques de télécommunications (SAT 3, WACS et Main One) assurant l’accès de notre pays aux autoroutes mondiales de l’information » selon le communiqué rendu publique par l’Agence de Régulation des Télécommunications, les perturbations observées dans la fourniture du service internet ont affecté près de 12,7 millions d’utilisateurs au Cameroun.
Si l’impact se fait ressentir au niveau individuel, cela l‘est encore plus sur le plan socio-économique notamment au niveau des transferts et retraits d’argent qui évoluent au ralenti. Qu’il s’agisse des multinationales, des petites et moyennes entreprises locales, des start-up, des établissements de micro finance et des banques de renom et du secteur public en général; les services financiers sont les plus affectés. D’ailleurs, plusieurs utilisateurs, toutes professions confondues se plaignent, « Tous les produits digitaux ne fonctionnent pas… Les portefeuilles électroniques ne sont pas accessibles… Les clients ne peuvent pas faire d’opération »
Si certains utilisateurs affirment ne pas avoir une idée concrète du manque à gagner, le temps de dresser un bilan à la fin du mois; l’Etat camerounais lui aussi se trouve confronté à ces mêmes pertes dans le cadre de la collecte fiscale. « Sans Internet nous sommes sans ressources. Sans Internet, pas de travail. Donc, pas d’argent. En clair, des PME comme la nôtre vont fermer boutique ou réorienter complètement leurs activités si la situation perdure. Depuis jeudi par exemple, il nous est impossible de proposer à nos clients et aux organisateurs d’événements nos services de live streaming professionnel sur Facebook, X et YouTube. Cela fait moins d’argent non seulement pour notre cabinet, mais également pour nos clients, et aussi et surtout pour le fisc camerounais, car nous payons les impôts » s’indigne un chef d’entreprise.
Plus loin, c’est une employé d’une microfinance qui ne cesse de maugréer, « Sans connexion, il est impossible d’avoir accès à notre plateforme d’opérations. Notre agence n’a donc opéré aucun franc de la journée. De même, la taxe de 0,2% que nous relevons sur chaque retrait d’argent et que nous reversons ensuite à l’Etat a été impactée par la situation ».
Alors que les spécialistes soulignent à travers certaines données que le secteur privé serait le plus impacté; il faut rappeler que courant 2017, des coupures d’internet dans les régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avait généré en moyenne « près de 45 millions de Fcfa par jour » d’après les rapports des organisations Internationales tel que Crisis Group, Internet Sans Frontières et Access Now.