Voilà 11 ans déjà que le projet projet de vidéo surveillance pour communication d’urgence prévu pour couvrir toutes les 10 régions du Cameroun, n’est toujours pas livré bien que le prestataire chinois ZTE ait déjà empoché pas moins de 77 milliards de Fcfa sur les plus de 109,1 milliards de Fcfa prévus. Si une kyrielle de questions se posent, le silence des autorités gouvernementales en charge en choque plus d’un.
Paul Biya roulé dans la boue
Où est passé l’argent ? Qu’est devenu le projet face à une criminalité sans cesse galopante dans les villes et les contrées du pays? Faut-il rire ou pleurer, s’alarmer à l’évocation du montant quand on sait au combien l’Etat du Cameroun est endetté ? Plus de 12000 milliards si précision en vaut la peine. En effet, le Réseau national des télécoms d’urgence (Rntu) dont on parle est une retombée de la visite du chef de l’État, Paul Biya, en Chine en 2011 et dans l’esprit et la conception, le projet est articulé autour de cinq composantes.
La première est le réseau de radiocommunication à ressources partagées, qui permet aux équipes du gouvernement de gérer les urgences de manière confidentielle et sécurisée, sans avoir besoin de passer par un réseau public. La 2ème composante est le système de communications d’urgence, qui vise à assurer la prise en charge des appels de détresse provenant de n’importe quel abonné détenteur d’un terminal mobile avec ou sans puce.
La 3ème composante, quant à elle, est le système de vidéosurveillance, qui permet d’assurer la protection des biens et des personnes en véhiculant, enregistrant et en exploitant les images prises par un ensemble de caméras. La 4ème composante est un système de visioconférence. La dernière composante est le système de police, qui est une plateforme technologique centralisée de gestion des opérations de sécurité dans certaines villes du pays.
Si à date, l’on retient l’inauguration en grande pompe du Centre national de commandement et de contrôle de la vidéosurveillance annexe de Douala par le ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh le 15 juin 2023; des profanes pourraient bien se demander, qu’en est-il des autres aspects du projet ? Silence radio. Aucune suite ne sera donnée à nos multiples sollicitations pour avoir des éléments de réponse.
Refus d’obtempérer
Prévue pour une durée initiale de 24 mois à compter du mois de janvier 2017, ceci après la signature du contrat de 109,1 milliards de Fcfa entre l’État du Cameroun et l’équipementier des télécoms chinois ZTE, le Réseau national des télécommunications d’urgence (Rntu) demeure jusqu’ici dans les ombres du silence en 2024. Selon des sources, ce projet à travers lequel le Cameroun comptait se doter d’un réseau de communications sécurisé multifonctionnel se frotte à nombreuses entraves depuis 2013. D’après le récit de nos sources, les autorités camerounaises avaient déjà émis des réserves sur le projet de ZTE d’utiliser la technologie 2G déjà obsolète à cette époque, la partie camerounaise exigeant la 3G en priorité et la « 4G à titre expérimental » peut t’on lire dans le procès-verbal officiel.
Malgré les manquements observés par la partie camerounaise, la société chinoise ZTE ne se gênera pas à réajuster les réserves faites sur certains aspects liés à l’exécution matérielle du projet; sous prétexte que les nouvelles exigences pourraient induire le dépassement de l’enveloppe budgétaire initiale confient les documents officiels consultés.
Dans un rapport « de suivi des levées de réserves» daté de décembre 2021 et élaboré par le consortium Resytal-Matrix Télécom (mission de contrôle des travaux), « plusieurs centaines des réserves émises n’avaient toujours pas été prises en compte par ZTE sur les sites de Yaoundé, Douala, Bertoua, Ngaoundéré, Maroua, Garoua, Ebolowa, Mvomeka, Bafoussam, Bamenda et Kribi.» Pots de vins et intimidations à la soviet Alors que le projet de communication d’urgence (Rntu) avait fait les choux gras dans la presse locale, sans omettre les multiples dénonciations indignées des collaborateurs au ministère des Postes et télécommunication (Minpostel) courant 2019. Nombreux sont ces employés du Minpostel qui seront sujet à de multiples convocations, à des réunions avec instructions fermes pour clôturer ce projet et faire valider le procès-verbal final.
Malgré les indignations, plusieurs organes de presse écrite avaient décrié à travers des publications, les manigances, les manipulations autour de ce projet de communication d’urgence entre l’entreprise chinoise Zte et le Minpostel. Après que les employés du Minpostel aient saisi les médias à plusieurs reprises pour dénoncer les malversations financières et l’échec total du projet, l’entreprise ZTE aurait mis les moyens en jeu pour convaincre le Minpostel de signer la réception finale du projet et lui permettre de rapidement recevoir le paiement du dernier décompte. On peut donc comprendre que ce projet qui n’a jamais été exécuté dans sa totalité a quand même été payé à pratiquement 100%.
11 ans plus tard, aucune trace des sommes perçues n’est perceptible, bien au contraire des complicités sont nées pour soustraire 4 milliards fcfa de plus à l’Etat du Cameroun, comme un ras le bol, une source interne au minpostel se lâche, « C’était un coup de maître. L’ambition d’obtenir un budget supplémentaire de 4 milliards de FCFA. Surtout qu’il a visiblement le soutien des décideurs, ce prestataire qui n’a jamais été inquiété pour les 77 milliards Fcfa non livrés depuis plus de 10 ans, se permet de faire comme il veut. Il ne trouve pas d’inconvénients de demander un budget supplémentaire, quel toupet quand la suite à ce jour est sans issue »
Globalement, à qui profite le crime ? Le Cameroun est t’il devenu une vache à lait ? Une orange que tout le monde s’empresse de presser et jeter quand le jus est fini ? Faut t’il espérer que les coupables s’ils sont identifiés, qu’ils soient puni? Le contribuable camerounais aura-t’il une réponse un jour à ces interrogations ?