En accusant les agences internationales de notation d’avoir déclassé négativement les notes de crédit du Cameroun en Août 2023 sur la base des informations inexactes, Le Mécanisme Africain d’évaluation des pairs (MAEP) ne fait pas également une caresse dans le sens du poil aux autorités camerounaises.
Dans un rapport d’analyse des notations de crédit souverain en Afrique, la branche de l’Union Africaine chargée d’analyser les progrès de gouvernance des pays africains remet en cause les décisions des agences américaines, lesquelles avaient abaissés la note de crédit souverain à long terme en devises du Cameroun de B- à « Défaut sélectif ( Standard and Poor’s) et la note de B2 Stable à Caa1 Stable ( Moody’s).
Si à l’époque des faits, les agences américaines s’étaient appuyés sur un retard de paiement de la dette commerciale du Cameroun sur la période 2022-2023, le MAEP estime que, « les informations ayant conduit à l’abaissement de la note souveraine du Cameroun étaient non vérifiées ». Évoquant, une faiblesse du mécanisme de vérification des informations au moment où ces décisions ont été prises, le mécanisme africain soutient que, « le pays n’avait plus d’impayés et donc un abaissement de sa note ne s’imposait plus… Les rapports des agences de notation sur les retards de paiement du service de la dette du Cameroun suggèrent que, les agences de notation ne disposaient pas en temps opportun d’informations officielles factuelles sur l’état des remboursements du pays sur toutes les obligations liées au service de la dette commerciale ».
Si les agences de notation notamment Standard and Poor’s va inverser la tendance le 12 août 2023 en rehaussant la note du pays à CCC+ ( perspective stable), la MAEP pense que, « Les différences d’interprétations des agences de notation sur un même événement est le reflet de faiblesses méthodologiques qui ne tiennent pas compte des éléments de base comme le délai de grâce pour les paiements du service de la dette », conclusion, certaines agences de notation prennent des mesures de notation plus rapidement que d’autres. Bien que l’organisme africain prenne la défense des autorités camerounaises et s’oppose au diagnostic des agences de notation internationales, il propose également une liste non exhaustive des mesures à prendre par les deux parties.
À l’Etat du Cameroun, il est question pour le pays de polir son profil émetteur en évitant d’accumuler des arriérés de paiement sur sa dette commerciale. En effet, « Il est important que le gouvernement renforce sa capacité à gérer la dette et évite d’accumuler des arriérés de paiement, notamment envers les créanciers privés. Le maintien d’un historique de respect des obligations de paiement extérieur, d’apurement des arriérés intérieurs et de dépenses hors budget limitées serait le signe d’un profil de liquidité et d’une capacité de gestion de la dette améliorés», commente l’institution.
À l’endroit des agences, le Mécanisme Africain d’évaluation des pairs (MAEP) appelle « à se référer à des informations officielles factuelles et des données les plus récentes, car malgré les inexactitudes des avis de crédit, les investisseurs réagissent à la publication de ces informations ».