Bilan record de bénéfices pour la banque, ainsi qualifierait t’on les données financières exposées par Abbas Mahamat Tolli, le désormais ex gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale lors de son allocution de fin de mandat le 09 Février 2024.
«… Ce chiffre représente un niveau jamais atteint par le passé », c’est en ces mots que Abbas Mahamat Tolli a fait éloge des bénéfices collectés par la banque sous-régionale dont il a tenu les rênes pendant 07 ans, ceci sans pour autant donner les moteurs de cette performance dite historique.
Avec des bénéfices en hausse de 196 milliards de Fcfa soit +172% de plus en glissement annuel, les spécialistes des questions économiques y voient le rôle essentiel de la diminution des charges et même celui de l’augmentation des produits, ce qui a eu pour corollaire d’extérioriser des résultats bénéficiaires dès 2017 malgré le déficit structurel de 50 milliards de Fcfa observé courant 2016.
Énonçant la consolidation de la situation financière de l’institution bancaire, d’autres spécialistes évoquent d’autres facteurs ayant contribué à la collecte d’un bénéfice aussi record depuis la création de la banque. Il s’agit notamment de la hausse des transferts de devises qui trouve sa source dans la nouvelle réglementation des changes imposée aux banques ( le versement des commissions de transferts soit 0,25% pour les transferts effectués dans la Cemac et 0,50% pour les opérations effectuées hors de la sous-région).
Autre facteur à prendre en compte, les intérêts et produits nets payés par les Etats membres sur leurs créances, les intérêts générés par le compte d’opérations logé au Trésor français et ceux reçus au titre des prêts accordés aux banques de la Cemac précise d’une part une analyse-bilan de la Beac au cours des exercices antérieurs
D’autre part, les acteurs du secteur bancaire pensent que la hausse du volume des emprunts contractés sur le marché des titres publics aurait permis à la banque de réaliser une telle performance, singulièrement l’encours des valeurs du Trésor en bons et obligations qui a atteint la somme de 6 342,1 milliards de Fcfa pour les 06 pays, fin octobre 2023 soit une augmentation de 23,7% à contrario de l’année 2022.
Globalement, et pour les spécialistes, ces différents facteurs ont joué un rôle très important dans un contexte financier frileux et encadré par un faible engouement des investisseurs, une politique monétaire très rigoureuse dont la visée était de réduire la liquidité bancaire et favoriser la chute de l’inflation.