Dr Jeremie Mbairamadji – « Il faut rendre les populations moins dépendantes des forêts si l’on veut réduire la pression exercée sur celles-ci»

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Le Forestier regional FAO pour l’Afrique Centrale dans une interview exclusive s’exprime sur les questions forestière au cours de la 16ème réunion biannuelle de l’équipe multidisciplinaire de la FAO sous le thème « Amélioration des systèmes alimentaires et renforcement de la résilience des populations vulnérables dans l’espace CEEAC ».

Qu’est-ce que c’est la foresterie de manière fondamentale ?

Globalement et de manière simplifiée, la foresterie est la science de la gestion, de l’aménagement, de la conservation et de l’utilisation durable des forêts. L’on peut également intégrer le fait que bien avant, la foresterie portait beaucoup plus sur l’utilisation de la ressource durable et renouvelable qu’est le bois; une foresterie qui mettait un accent particulier sur la notion du rendement soutenu qui préconise la disponibilité permanente du bois.

Plus loin, il faut prendre en compte dans la foresterie, une utilisation multiple des ressources forestières et des produits forestiers non ligneux tout comme la faune.

Comment aborder la question de la gestion durable des forêts tropicales dans un contexte de forte densité humaine et de rareté des terres agricoles ?

Au regard des contraintes relatives à la gestion des forêts, il faut utiliser durablement les ressources forestières et fauniques. Par ailleurs aborder la question de la gestion durable des forêts revient non seulement à s’assurer des mesures à prendre pour accroître le stock de carbone.

Au sujet de la rareté des terres, l’idée est de poser les jalons d’une bonne utilisation des terres agricoles disponibles via la mise en œuvre des revenus alternatifs; vu qu’aller en forêt réuni à la fois la quête de moyens de subsistance et les mécanismes d’amélioration des conditions de vie, le recours aux revenus alternatifs permet de réduire la pression exercée sur les forêts tout en rendant les populations moins dépendantes de celles-ci.

Comment améliorer l’agriculture pour réduire la pression exercée sur les zones forestières ?

À ce niveau, l’accent devrait être mis sur l’usage des variétés améliorées à fort rendement d’une part; d’autre part et avec la disponibilité d’un espace de terre constant, on peut envisager d’augmenter le rendement, la productivité en statuant sur les méthodes adéquates pour améliorer les sols et le rendu agricole. Bref, l’équation se résume au mieux à limiter l’extension des terres agricoles et l’emprise croissante sur les forêts.

S’adapter au changement climatique revient à répondre aux tendances du climat futur mais aussi aux risques croissants. Ces deux aspects sont souvent étudiés séparément alors qu’ils devraient être combinés. Comment les rassembler ?

En se référant à l’adaptation aux changements climatiques, l’on évoque ces mutations apportées par les systèmes naturels ou par les activités humaines. De ce fait, il est important de jumeller la réponse aux impacts à la fois réels et prévus. Concrètement, les impacts réels constituent le ressenti et il faut s’adapter ; à contrario les impacts prévus se structurent autour du volet prévision des tendances multiformes. Globalement, il faut répondre à la fois aux impacts réels comme aux impacts prévus, au risque d’être pris en permanence par les derniers cités singulièrement pour ce qui est de l’alerte précoce, les prévisions météorologiques… Autant de données qui permettent d’informer sur les impacts futurs et de se préparer en conséquence.

Comment pouvons-nous maintenir, rétablir et façonner les paysages en bonne intelligence avec les ressources en eau, tout en intégrant l’utilisation conflictuelle des terres et les besoins en eau de toutes les parties prenantes d’un paysage, y compris les forêts et les arbres ?

La FAO a beaucoup évolué au niveau de la gestion des écosystèmes, le constat est le même avec la nouvelle approche dénommée « landscape approach». Avec l’approche paysage, on tient compte, et des ressources existantes, des acteurs mais aussi des usages; à cet effet, cela nécessite la maîtrise de la dynamique desdites ressources, leur disponibilité. Un regard étant mis sur l’émission des règles précises afin de limiter les conflits communautaires si l’on prend le cas avec la gestion et le partage de la ressource en eau dans les communautés d’éleveurs et d’agriculteurs.

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