Fecafoot – 100 jours après, l’espoir Samuel Eto’o se mue en désespoir

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Favoritisme, népotisme, violation des statuts règlementaires, administration à tâtons, la gestion de l’ancien capitaine des Lions indomptables à la tête de la Fédération Camerounaise de Football est violemment critiquée, mais Samuel Eto’o peut encore se rattraper. Enquete.

Les 100 premiers jours de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) se sont soldés sur une note quasi médiocre. Élu le 11 décembre 2021, le goleador camerounais qui était présenté comme l’espoir qui fera renaitre le football camerounais se mue au fil des jours en désespoir. En trois mois seulement, certains s’accordent déjà à dire qu’il y a eu tromperie sur la marchandise, tant « le petit 9 » multiplie « des boulettes » depuis son arrivée à la Fecafoot.

A peine élu, le nouvel exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a décidé sur la base d’argument fallacieux, d’organiser un championnat à 25 clubs. En effet, 5 clubs relégués la saison dernière ont été maintenus en première division contre toute attente. Pour se justifier, l’équipe que dirige Samuel Eto’o a expliqué qu’elle voulait « redonner vie » au championnat. Plusieurs avis ont dénoncé cette initiative, qui ne s’appuie sur aucune base légale. Certains ont d’ailleurs estimé que c’est une façon pour le successeur de Seydou Mbombo Njoya de contenter ses soutiens de la dernière élection notamment, les clubs comme Union de Douala, ou encore Tonnerre Kalara Club.

A quelques 14 semaines, à Tsinga (siège de la Fecafoot) Samuel Eto’o parait président depuis bien longtemps. Les fracas des temps, Seidou Mbombo Njoya, Tombi A Roko ou Iya Mohammed semblent l’avoir englouti. Et sa duplicité le confirme davantage, tant son discours de rupture tranche étrangement avec ses actions.

En 100 jours, l’ancien sociétaire du FC Barcelone a procédé à plusieurs nominations, qui ne sont qu’une continuité de ce qui se faisait déjà à la Fecafoot. Le meilleur buteur de l’histoire de la CAN n’a promu que ses proches et alliés au détriment parfois de la compétence. Quelques exemples, ses amis Benjamin Didier Banlock et le journaliste Ernest Obama ont respectivement été nommés secrétaire général et chef de département de la communication de la Fecafoot. Son allié Rigobert Song, bien que n’ayant pas le profil de l’emploi, selon plusieurs opinions, a été nommé au poste de sélectionneur national des Lions indomptables du Cameroun. Par ces nominations, Samuel Eto’o a sacrifié au même vice que ses prédécesseurs et se sent certainement moins blâmable. Mais il aura montré qu’on est très loin de l’idée de rupture qui était son leitmotiv de campagne.

Violations des textes

En matière de violations des textes, Samuel Eto’o est en train de ravir la vedette à tous les précédents exécutifs de la Fecafoot. La nomination du Secrétaire général Benjamin Didier Banlock, par le président de la Fecafoot a largement été critiquée. Selon Guibai Gatama, membre du comité exécutif de la Fecafoot, cette nomination viole dispositions statutaires de la Fecafoot, notamment l’article 49.2. Samuel Eto’o a ensuite créé de son chef, plusieurs postes (direction, chargé de mission, chargé de mission délégué) au sein de la Fédération Camerounaise de Football.

De l’avis des experts, ces nouveaux postes violent les statuts de la Fecafoot. Les statuts de l’instance faitiere du Football stipulent que toute création de poste induit automatiquement une modification de l’Organigramme de la Fecafoot, chose qui est la seule prérogative de l’Assemblée générale de la Fecafoot. Le fait aggravant est qu’aux postes crées, des cadres ont été recrutés à la Fecafoot en toute illégalité, en dehors des résolutions du Comité Exécutif qui en a la compétence.

En plus de cela, Samuel Eto’o est accusé d’avoir mis sur pied un Comité d’Urgence illégal. Selon les textes de la Fecafoot, les membres du Comité d’urgence sont élus par les membres du Comité exécutif.

A ce jour, les membres du Comité d’urgence désignés Par Samuel Eto’o n’ont jamais bénéficié d’un suffrage, dénonçait Guibai Gatama dans une lettre adressée à Samuel Eto’o.

En 100 jours, la Fédération Camerounaise de Football a également enregistré un nombre record de plaintes. Ferdinand Makota, ancien agent de liaison et ancien coordonnateur adjoint des Lions indomptables a initié une plainte au tribunal de première instance de Yaoundé, Centre administratif contre la Fecafoot et son secrétaire général Benjamin Banlock. Ferdinand Makota remet en cause sa suspension et accuse le secrétaire général d’avoir refusé sa requête en explication et la saisie de la commission de recours de la Fecafoot.

De l’autre côté, Guibaï Gatama membre du comité exécutif de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) suspendu pour trois mois a saisi le président de la Commission des recours de la Fecafoot pour obtenir une annulation de toutes les décisions prises par les membres du Comité exécutif (Comex), réunis en session ordinaire à Limbe, une cité balnéaire du Sud-Ouest Cameroun, le 16 février dernier.

L’ancien capitaine des Lions indomptables avait pourtant promis de sortir la fédération de cet engrenage de procès. Il n’a eu de cesse d’afficher sa volonté de réconcilier tous les acteurs du football camerounais et de ramener la sérénité dans la maison. Mais rien ne laisse penser que la situation ne va pas s’empirer avec d’autres nouvelles affaires, au vu de la gestion au pied levé dont il fait montre. Un récent document du TAS indique d’ailleurs que Babaraye Saïdou et tous ceux qui estiment que le corps électoral qui a porté Eto’o Fils à la Fecafoot était illégal, viennent de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS). Il faut également noter que l’attitude de Samuel Eto’o au sujet de la négociation avec les membres de l’Assemblée générale de 2009, s’est montré ambiguë.

A l’issue de la rencontre avec certains membres issus de l’Assemblée générale de 2009, du 24 février à l’hôtel Mont Fébé à Yaoundé, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) avait annoncé qu’il a obtenu l’arrêt des poursuites contre la Fecafoot au TAS. Vérification faite, ce ne sont que quelques membres de l’assemblée générale de 2009 qui ont répondu à l’appel. Les autres membres ont par le biais de leurs avocats contestés les résolutions de la réunion du Mont Febe.

Un championnat controversé

A tous ces ratés s’ajoutent également l’incapacité de l’actuel exécutif de la Fecafoot de lancer le championnat national dans les règles de l’art. L’on indique au sein de la Fédération Camerounaise de football que Samuel Eto’o a lancé le championnat sans la tenue de l’Assemblée générale de la Fecafoot qui doit voter le budget annuel du championnat et produire le règlement.

La Fédération s’est montrée incapable de tenir des résolutions fermes. La session ordinaire du Comité d’Urgence de la Fédération Camerounaise de Football, du 16 mars a été contrainte de revenir sur les résolutions n°2 et n°3 du Comité d’Urgence du 04 mars 2022 relative à la répartition des poules du championnat professionnel Mtn Elite One et au calendrier du championnat professionnel. Même si le championnat a finalement débuté, il est attaquable sur le plan du droit car il viole la décision d’homologation et de discipline qui est l’instance juridictionnelle de la Fecafoot. En plus la recette de faire jouer le championnat dans quatre sites est largement critiquée par les clubs et les supporters. Mais il faut quand-même apprécier le fait que Samuel Eto’o a réussi à augmenter les subventions des clubs de première division à 20 millions de FCFA et celles des clubs de deuxième division à 10 millions de FCFA. La Fecafoot a en outre pris en charge l’hébergement et la restauration des clubs d’Elite one et Two.

Eto’o garde la tête haute

L’ancien capitaine des Lions indomptables s’est néanmoins montré décisif et intrépide devant certaines situations notamment sur les velléités de la FIFA de reporter la Coupe d’Afrique des Nations. Il s’est également montré intransigeant face aux allégations de la Confédération Africaine de Football qui accusait la Fecafoot de s’être rendue « coupable d’une violation d’engagements contractuels au cours de la CAN TotalEnergies Cameroun 2021 ». Samuel Eto’o a surtout montré au cours de ces 100 premiers jours à la Fecafoot qu’il a de la poigne. Sur l’affaire du sélectionneur portugais Antonio Conceicao, il n’a pas manqué de rappeler à l’ordre le ministre des sports Narcisse Moelle Kombi.

Samuel Eto’o a aussi prouvé son engagement à trouver des ententes négociées pour les anciennes affaires qui secouent la Fecafoot. Il a réitéré cet engagement devant les membres du Comex le 16 février à Limbé. « Je gère le lourd passif des litiges de mes prédécesseurs. Sans avoir la prétention d’imposer mon point de vue, ces litiges sont une épine à extraire au pied du nouvel exécutif, pour lui permettre de poursuivre sereinement sa mandature », avait-il déclaré.

En 100 jours, Samuel Eto’o Fils peut se féliciter d’avoir convaincu Prosper Nkou Mvondo, président de l’Etoile Filante de Garoua, de revoir à la baisse une créance de l’ordre du milliard pour se contenter de la « modique somme forfaitaire de 20 millions, pour l’intérêt du football ».

Il a réussi à obtenir un arrangement similaire avec Soleil Nyassa, membre du Comité exécutif de la Fecafoot. Il a aussi convaincu Benjamin Didier Banlock, l’actuel secrétaire général, d’abandonner une procédure qu’il avait engagée contre la Fecafoot.

En outre il a obtenu du général Pierre Semengue la suspension de sa procédure au Tribunal arbitral du sport (TAS). Ce dernier a finalement accepté de prendre la tête d’un comité transitoire chargé d’organiser les championnats Elite One et Elite Two.

Pour Samuel Eto’o Fils, toutes ces victoires sont aussi économiques. Ce genre de procédures ont fait perdre à la fédération près de 900 millions de FCFA à l’époque de son prédécesseur, Seidou Mbombo Njoya.

Joseph Essama

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