Paludisme – Plus de 3 millions de cas rapportés dans les hôpitaux au Cameroun en 2022

Partager...

En prélude à la célébration de la 16 ème édition de la journée mondiale de lutte contre le paludisme, plusieurs chiffres ont été exposés afin de présenter un état des lieux de la lutte contre le paludisme au Cameroun. D’après les données publiées par le Programme National de Lutte contre le Paludisme, il ressort que 3 327 381 cas de paludisme ont été rapportés par les formations sanitaires en 2022.

Classé dans le top 11 des pays les plus touchés par le paludisme dans le monde, le Cameroun connaît globalement une stagnation des cas confirmés de paludisme depuis 2015. En effet, sur les 25080 cas de décès toutes causes confondues recensés en 2022, les décès liés au paludisme représentent 2481 décès pour un taux de mortalité proportionnelle à 9,9%; des chiffres qui démontrent à suffisance une baisse considérable au regard des années antérieures.

Alors que la région de l’Est détient le taux le plus élevé en terme d’incidence et de sévérité au paludisme soit 196, 1 cas pour être précis, il convient de rappeler les enfants de 0 à 5 ans constituent le groupe le plus affecté par les décès dûs au paludisme soit 71%.

De manière pratique, et à l’observation des données, les régions du Nord, de l’Adamaoua, du Littoral, du Centre et de l’Est semblent les plus affectées en ce qui concerne les cas de paludisme envers les enfants de plus de 5 ans, des chiffres qui situent le pourcentage entre 64 et 79%.

Bien que les personnes de 5 ans et plus soient plus exposées, il est judicieux de préciser que les femmes enceintes et les personnes de moins de 5 ans constituent également des groupes à fort impact des cas de paludisme. À cet effet, les enfants de moins de 5 ans couvrent un taux global de 34% des cas de morbidité palustre contre 7% chez les femmes enceintes, un groupe dans lequel les régions du Nord et de l’Adamaoua se hissent en tête avec 11% des cas respectivement.

Si la mortalité hospitalière due au paludisme est passée de 13,5% à 9,9%,c’est bien la preuve que des actions sont menées en vue d’atteindre le cap de zéro palu.

Dans l’ordre de la célébration de la 16 ème édition de la journée mondiale de lutte contre le 25 Avril 2023, le gouvernement camerounais avec l’appui des partenaires financiers et techniques a entrepris de donner une raison d’être au thème de cette édition 2023 qui est intitulé «Il est temps d’atteindre zéro palu : Investir, innover, implémenter ».

À cet effet, le Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme (PSN) 2019-2023 élaboré en étroite ligne avec l’approche High Burden – High Impact indiquée par l’OMS, a en cette cinquième année de mise en œuvre, réalisé plusieurs actions tant préventifs que chimio préventifs.

Pour ce qui est du cadre préventif, le but du Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme 2019-2023 vise à contribuer à l’amélioration de la santé des populations via la réduction d’au moins 60% de la morbidité liée au paludisme; la réduction d’au moins 60% de la mortalité liée au paludisme. Dans sa mise en œuvre réelle, notons, la lutte antivectorielle (LAV) comme principale approche à travers l’utilisation systématique des Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides à Longue Durée d’Action par toute la population; d’ailleurs, 16 756 200 MILDA sont en cours de distribution dans le cadre de la 4ème campagne nationale de distribution gratuite des Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides à Longue Durée d’Action 2012-2023 ; 76% des femmes enceintes reçues en Consultations Prénatales (CPN) ont reçu une MILDA soit 580 003 MILDA en 2022, sans oublier la distribution de ces moustiquaires aux enfants dans le cadre du Programme Élargi de Vaccination qui est à ses débuts.

Bien que 68 % des personnes disposant de MILDA les utilisent effectivement, la lutte contre le paludisme s’est aussi porté sur le secteur chimio préventif.

Spécifiquement chez les femmes enceintes, 54,1% des femmes ont reçues 3 doses de Traitement Préventif Intermittent (TPIg) lors de leurs consultations prénatales au cours de l’année 2022; de plus, les enfants de 03 à 59 mois dans la plupart des régions ont bénéficiés de la chimioprévention du Paludisme Saisonnier en 2022 avec une couverture des enfants éligibles évaluée à plus de 97% au 5ème cycle de la campagne.

En outre, il faut signaler la chimio prévention pérenne ou traitement préventif intermittent (TPIn) chez le nourrisson, une intervention récemment introduite qui s’elargie au vaccin contre le paludisme sans omettre la pulvérisation intradomiciliaire (PID). Au regard des initiatives déjà engagées, beaucoup reste à faire tant les défis et les les enjeux interpellent.

Dans le champ non exhaustif des enjeux et défis, l’on peut citer: L’élaboration du PSNLP 2024-2028 et La rédaction de demande de Financement Grant Cycle 7 du Fonds mondial dans les délais recommandés;

Exécution des marchés dans les délais recommandés;

• La mise en oeuvre de la Campagne de distribution des MILDA dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en contexte sécuritaire particulier

• Respect des délais de mise en œuvre des campagnes MILDA et la CPS

• L’acquisition des MILDA sous FCP pour la campagne des régions (Sud, Centre)

• l’amélioration du circuit de gestion approvisionnement de stocks pour une disponibilité continue et en quantité d’intrants

• Travailler à Inscrire d’avantage la lutte dans la multisectorialité

• Obtenir une Implication accrue des Collectivités Territoriales Décentralisées et une plus grande implication du secteur privé

• l’effectivité de la gratuité de la PEC du paludisme dans le cadre de la Couverture Santé Universelle

• Plaidoyer pour une plus grande mobilisation des ressources, notamment les fonds de contrepartie pour la lutte. Le gap de financement du PSN 2019-2023 représentant plus de 45% des besoins

• L’extension de la résistance des vecteurs aux insecticides nécessite sans cesse des ajustements en termes de nouveaux outils de lutte antivectorielle et demande plus de ressources et- renforcement de la surveillance entomologique

• L’engagement insuffisant des secteurs et la faible participation des communes et des communautés ralentissent l’adoption plus rapide des comportements sains et la mobilisation de ressources additionnelles – Renforcement de la plaidoyer et collaboration multisectorielle

• Des goulots d’étranglement dans l’approvisionnement en médicaments essentiels (antipaludiques), la passation des marchés, la gestion des données – Plan de transformation du Système de Santé

• Insuffisance des ressources pour la mise en œuvre des interventions a fort impact telles que la pulvérisation intradomiciliare.

D’autres défis relèvent d’une brève échéance notamment :

• La mise en oeuvre de la Campagne de distribution des MILDA dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en contexte sécuritaire particulier

• L’acquisition des Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides à Longue Durée d’Action sous FCP pour la campagne des régions (Sud, Centre)

• Travailler à Inscrire d’avantage la lutte dans la Multisectorialité

• Obtenir une Implication accrue des Collectivités Territoriales Décentralisées et une plus grande implication du secteur privé

• Effectivité de la gratuité de la PEC du paludisme dans le cadre de la Couverture Santé Universelle.

En gros, les chiffres fournis montrent une régression progressive du paludisme et les pouvoirs publics continuent de mener des actions afin de rayer le paludisme de notre territoire car, le paludisme est une maladie évitable, qui se soigne bien que son impact reste important sur la santé et la subsistance des populations du monde entier.

Martial OBIONA

Related posts