Le train de la 15ème session ordinaire de la conférence des chefs d’États de la CEMAC tenu le 17 mars 2023 à Yaoundé est définitivement rentré en gare avec plusieurs faits actés de la question du Franc CFA à la nomination de nouveaux responsables. État des lieux et évocation d’une conférence qui aura retenue toutes les attentions.
Tous les feux semblaient au vert, analystes financiers et politiques, au delà de toutes les autres thématiques semblaient captivés par la thématique liée à la réforme du franc CFA, constat fait, rien ne semble avoir bougé.
S’en tenant au communiqué final lu par le président sortant de la Commission Pr Daniel Ona Ondo puis par le discours de clôture du Président sortant de la CEMAC, Paul Biya, Il n’y a pas eu d’annonce forte; que neni, les Chefs d’États de la CEMAC ayant dédiés à la postérité l’attitude du « on réfléchit encore », simple précaution ou alors peur de représailles, les esprits restent loquaces et les interrogations demeurent.
Pour rappel, les grands sujets phares à la table de cette 15ème session ordinaire concernaient singulièrement la réforme du FCFA, le L’usage de la cryptomonnaie, la riposte communautaire au chocs économiques mondiaux, la libre circulation, la nomination des nouveaux dirigeants à la tête des institutions communautaires…; des sujets devenus récurrents pour certains et sans véritables impacts affichés pour d’autres.
Alors que la cryptomonnaie a le vent en poupe, le projet centrafricain semble avoir connu un coup de massue lors de ces assises de Yaoundé.
En effet, il y’a près d’un an, la République centrafricaine légalisait au travers d’une loi parlementaire l’usage des cryptomonnaies.
Résultat des courses, au regard de l’analyse de la situation économique et des conséquences des cryptomonnaies sur les économies de la sous-région, « La conférence a réaffirmé son attachement aux dispositions de l’article 6 de la convention régissant l’Union monétaire de l’Afrique centrale sur le cours légal et pouvoir libératoire de la monnaie de la communauté », tel que renseigne le Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale.
Bien que le Gouverneur rassure, «… la COBAC en collaboration avec les autres régulateurs communautaires se sont engagés à poursuivre les réflexions en vue d’élaborer un cadre légal et règlementaire des activités relatives à l’émission et à la gestion des crypto-actifs ainsi qu’à la régulation des fintech et proposer le cas échéant des solutions alternatives crédibles », cela reste un véritable coup de frein pour le projet centrafricain alors que le pays travaillait à une réforme du texte. Si le sujet qui retenait la plus grande attention s’est affiché comme un géant au pied d’argile, il n’en a pas été le cas pour à la tête des institutions politiques et financières de la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale.
Premier point d’arrêt, le passage de témoin de la présidence de la CEMAC de Paul Biya à son homologue centrafricain Faustin Archange Touadéra. À la tête de la commission de la Cemac, deux nouveaux visages font désormais leurs entrées, Baltasar Engonga Edjo au poste de Président en exercice de la Commission de la CEMAC ; conformément au principe de rotation des dirigeants communautaires par ordre alphabétique institué en 2010 sur les cendres du consensus de Fort-Lamy, l’ancien Ministre d’État équato-guinéen chargé de l’Intégration régionale remplace à ce poste Pr Daniel Ona Ondo. Pour l’accompagner dans sa tâche, Charles Assamba Ongodo a été nommé, lui qui était jusque là directeur de la coopération avec les pays émergents, au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, il remplace à ce poste la tchadienne Fatima Haram Acyl.
Ensuite, il y a eu également du mouvement au niveau des institutions financières de la communauté notamment à la tête de la Commission de surveillance du Marché financier d’Afrique centrale (Cosumaf) le régulateur du marché financier où la camerounaise Jacqueline Adiaba a été portée par les Chefs d’Etats de la CEMAC. Cette banquière en service au sein de cette institution depuis 2018 a occupé la tête de la Direction des marchés de l’ex Douala Stock Exchange, c’est une expérimentée de plus d’une vingtaine d’années sur les marchés financiers.
À la BEAC, le poste de vice-gouverneur le congolais Michel Dzombala jusqu’ici Secrétaire général de la Commission bancaire d’Afrique Centrale(COBAC) a été nommé en remplacement de Dieudonné Evou Mekou qui a rejoint la présidence de la BDEAC. Michel Dzombala connaît bien l’institution pour y avoir afait quasiment toute sa carrière, de chef service Comptabilité et contrôle budgétaire à la BEAC Congo en 1990 à chef de Service de la prévision et du suivi du budget 5 ans plus tard. Ce banquier de formation a gravi les échelons pour devenir responsable du secrétariat du Comité de Politique monétaire de la BEAC puis en juillet 2017, il prendra la tête de la Direction Nationale de la BEAC.
En ce qui concerne la COBAC, le poste laissé vacant est revenu à un autre congolais, Marcel Ondele, désigné par le Président Denis Sassou Nguesso.
Si la réforme du franc CFA reste donc une préoccupation majeure, la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale souffle néanmoins sur un vent nouveau et les espérances fondées laissent transparaître que les nouveaux responsables frapperont un grand coup dans la fourmilière.
Martial OBIONA