40 ans du Renouveau – La flamme incandescente, luminescence !

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06 Novembre 1982- 06 Novembre 2022, voici 40 ans que le père du RENOUVEAU prêtait serment pour la première fois devant l’Assemblée Nationale du Cameroun. Une nouvelle ère de l’aube naissante augurait l’espoir fondé par tout un peuple. Le premier ministre Paul Biya par voie de succession constitutionnelle (révision du 29 juin 1979) remplaçait le Président Ahidjo à la tête de la présidence de la République Unie du Cameroun. En 62 ans d’indépendance, le Cameroun a connu deux présidents jusqu’ici (2022). S E El hadj Ahmadou Ahidjo vingt-deux ans (22) ans au pouvoir, 1960-1982 et S E Paul Biya qui célèbre cette année 2022 ses quarante ans (40) d’accession à la Magistrature Suprême.

Dès son arrivée au pouvoir, la rupture dans le discours va s’opérer entre le président Biya et son prédécesseur. Ce dernier, en quittant le pouvoir, affirme que le pays va bien sur tous les plans notamment sur le plan économique. Tous les voyants sont au vert avec plusieurs plans quinquennaux en cours de réalisation. Le tout nouveau président lui, va relativiser la situation en apportant une nuance sur les propos de son prédécesseur, pour dire que notre économie est adossée à des prêts d’où son état relativement fragile. Il axe son action sur la démocratisation de la vie politique, la libéralisation sociale et économique, la rigueur dans la gestion, la moralisation des comportements et le renforcement de la coopération internationale. Le coup d’État du 06 Avril 1984 viendra consolider définitivement la rupture entre les deux hommes. Le 24 Mars 1985, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) verra le jour à Bamenda sous la houlette de son Président, Paul Biya. On ne parlera plus de l’Union Nationale Camerounaise (UNC) qui montrait déjà quelques lueurs d’essoufflement. C’est en 1987 que le Président Biya va préciser véritablement son projet de société, confiné dans le livre intitulé » Pour le libéralisme communautaire » publié pour la première fois aux éditions Pierre-Marcel Favre/ABC, qui s’articule autour de grandes mesures prophylactiques réunies sous un truisme, à savoir : la liberté d’entreprendre, la fonction régulatrice d’un État démocratique et le devoir de solidarité. Ce livre connaîtra une réédition en 2018.

La liberté d’entreprendre chez Paul Biya

La consécration de la liberté politique se manifeste de deux manières : à travers la pratique et les discours. Le Président dès les années 1990, va ouvrir le jeu politique à d’autres partis. Ainsi on n’a plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses idées. Il atteste que la conférence nationale souveraine, qui a fait couler tant d’encre et de salive dans plusieurs pays africains, était sans objet pour le Cameroun. Elle serait source de désordre et d’instabilité. La liberté d’entreprendre intègre les principes de la liberté du commerce, les principes et les conditions de la liberté d’expression, les références de valeur, malgré ses limites, qui découlent de la non-observance de certaines règles.

Paul Biya, l’homme du renouveau, leader éclairé, influencé par ses études de droit en France, n’hésite pas à reprendre à son compte, au bénéfice du peuple camerounais, la loi des 2 et 17 Mars 1791(dite décret d’Allarde) qui dispose :  » Qu’il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon ». La liberté de commerce et d’industrie est un principe fondamental. On peut ouvrir son restaurant, sa quincaillerie, son garage etc…En toute liberté et sans crainte mais dans le respect du cadre constitutionnel.

La liberté d’entreprendre trouve dès lors toute sa résonance dans un État démocratique.

La fonction régulatrice d’un État démocratique

Toutes les lois, susceptibles de porter atteinte aux libertés individuelles et collectives, ont été supprimées ou révisées de fond en comble. Il a été mis en place : des institutions qui consacrent la séparation des pouvoirs et la garantie des droits individuels, à travers la révision des différentes constitutions, notamment celle du 18 janvier 1996 ; des textes fondamentaux respectueux des droits de la défense et de la présomption d’innocence. Le droit n’est qu’un des moyens d’exercer cette fonction régulatrice. L’État intervient de plusieurs manières pour harmoniser les rapports sociaux. L’État proactif, peu avant les années 90, appelle déjà les Camerounais à se retrousser les manches, pour faire face à la crise inéluctable, qui se profile à l’horizon. L’époque de l’État- providence semble révolue, désormais une nouvelle vision est celle d’un État « modeste », dont la fonction serait avant tout d’assurer la préservation des grands équilibres économiques et sociaux, dans un monde où l’incertitude domine. L’État régulateur va ainsi rompre avec l’interventionnisme et le dirigisme qui ont été la marque de l’État-providence des lendemains d’indépendance. Cette option de promotion de l’État régulateur se justifie par la mondialisation. Celle-ci, interdit à l’État de maîtriser les variables essentielles dont dépend le développement économique dans un premier temps, la redéfinition des conditions d’exercice non seulement des fonctions collectives mais surtout de dispositifs d’intégration sociale dans nos sociétés dans un second temps. L’État qui régule, s’érige d’avantage en arbitre du jeu économique, rompant avec cette tradition de celui qui produit des biens et services. Il retrouve alors son rôle de ferment de la cohésion sociale.

Ce principe de la cohésion sociale passe en effet par l’affirmation et la défense de l’identité collective du groupe (fonction symbolisation) de même que la protection et la sauvegarde de l’ordre social en vigueur (fonction de domination). Il suppose que les comportements sociaux soient harmonisés et les conflits sociaux résolus. Le principe d’ordre établi dans la discipline d’un projet collectif est consacré. J. Chevallier in M Miaille, dir 1995, a démontré que le fonctionnement de tout système organisé, qu’il soit technique ou social, est formé d’éléments interdépendants et interagissants. Ils sont confrontés en permanence aux facteurs de déséquilibre, d’instabilité, provenant de l’environnement, d’où la régulation optée par le Président Biya pour absolument préserver les équilibres essentiels, maintenir « l’État stationnaire », en jugulant les effets perturbateurs extérieurs.

L’État véritable clé de voûte, apparaît comme un vecteur de modernisation, d’actualisation et d’adaptation. Mieux, il est le « centre » d’intégration et d’unification d’une société, qui serait sans son intermédiaire, vouée au désordre. L’illustration parfaite est consolidée dans le processus de décentralisation en cours qui permettra à l’État à travers les régions et les communes, d’être encore plus efficace. C’est le catalyseur, qui transforme les antagonismes sociaux, en projet collectif. L’État régulateur dans un environnement démocratique, devient une véritable clef de voûte du développement social, un principe de cohésion sociale, un arbitre du jeu économique et enfin un nouveau modèle de l’État.

Le devoir de solidarité chez le Président Biya

La solidarité est traditionnellement un devoir social ou une obligation réciproque d’aide, d’assistance ou de collaboration gracieuse, qui existe entre les personnes d’un groupe ou d’une communauté du fait du lien qui les unit. Elle ne saurait se concevoir en dehors d’un groupe fermé. L’illustration parfaite est contenue dans le chapitre 6 du livre « Pour le libéralisme communautaire » lorsqu’il parle de la culture comme ciment de la solidarité nationale. Partir d’une identité ethnique à une identité nationale, tels sont les enjeux d’une solidarité qui doit prendre en compte nos différences, pour en faire nos richesses pour le bien de notre pays et des Camerounais.

La solidarité Camerounaise va aussi interagir sur le plan international, en s’arrogeant la lutte pour l’annulation intégrale de la dette du Tiers Monde, mise en perspective dans les rapports Nord-Sud : le devoir de solidarité transnationale. Le Cameroun est un pays d’accueil. Les conditions d’entrée et de sortie au Cameroun sont des plus favorables pour les étrangers qui veulent faire leurs affaires. La solidarité de ce point de vue est non seulement un fait objectif mais un idéal moral. Léon Bourgeois, Avocat, dans une publication de 1896, dans un petit livre dont le retentissement fut considérable, développa ce terme pour décrire la relation de dette mutuelle entre tous les membres d’une société, de manière à élaborer : « une théorie d’ensemble des droits et des devoirs de l’homme dans la société ». Tout comme pour le Président Biya, la solidarité, du seul fait de vivre en société, implique que nous ayons des obligations et des droits envers tous nos contemporains et nos successeurs. C’est dire que l’homme du 06 Novembre, en proposant ces concepts pour le contexte du Cameroun est un visionnaire. Il a le mérite de s’être érigé en lanterne pour éclairer nos voies, tracer nos pistes dans la continuité de son prédécesseur le président Ahidjo. Tout le mérite lui revient d’avoir à travers ces idées, maintenu le Cameroun dans la paix. Certes la lutte acharnée contre la faim, la pauvreté, continue, le raffermissement de la cohésion sociale, la lutte contre la prévarication… Ce sont là, les chantiers qui trouveront satisfaction dans l’application du document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), de la stratégie nationale de développement (SND) 2030 et la vision du Président de la République, pour un Cameroun émergent à l’horizon 2035.

Me Daouda MBOUOBOUO, Avocat/Écrivain

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