Il sera désormais interdit d’exporter du bois sous forme de grume du Cameroun. Cette mesure s’applique à tous les pays de la Cemac et s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie durable de l’industrialisation de la filière bois dans le bassin du Congo.
A trois mois de son entré en vigueur, les acteurs du domaine émettent déjà des doutes sur son opérationnalité. L’inquiétude est grande chez les transformateurs de bois locaux au Cameroun. Malgré l’optimisme affiché par les autorités gouvernementales du Cameroun, ils jugent que le timing est assez court pour espérer de bon résultat.
Selon Pamphile Ntanga, Secrétaire général adjoint de la fédération camerounaise des associations des professionnels de la seconde transformation du bois « Le risque de cette mesure est que le Cameroun n’aura pas préparé ses nationaux à saisir les opportunités indispensables pour asseoir son leadership sur son économie forestière. Celle-ci sera toujours extravertie en raison de la grande capacité des entreprises internationales à mobiliser les capitaux et les ressources humaines pour se positionner sur les marchés compétitifs et exigeants comme ceux de la filière bois. Nous voulons reconnaître les grands efforts du gouvernement à travers le MINFI qui s’est engagé à exonérer les taxes et droits de douane à l’importation du matériel de transformation plus poussée du bois depuis le 1er janvier 2022. Il s’agit là d’une action majeure que nous notons depuis les 30 dernières années au profit des PME et artisans locaux de la sous filière transformation du bois ».
Il ajoute que la loi forestière ou l’état ne contribuera qu’à écarter d’avantage les artisans et les Pme du secteur local « Lorsque nous analysons cette décision, on se rend compte que l’article 1 alinéa 2 dit ceci « est considéré comme rebuts de l’exploitation forestière, les restes des bois sur chantier présentant des défauts rédhibitoires » En français facile « rebuts » signifie « déchets » et « défaut rédhibitoires » est un défaut radical qui motive l’annulation d’une vente. Techniquement parlant le « rebut » est un bois impropre à la fabrication d’un ouvrage de qualité qui respecte les exigences techniques du métier ». Pour lui, aucune réforme dans la filière ne permettra une évolution seine du secteur local sans l’amélioration du cadre juridique. Dans le même temps, le spécialiste reconnait que la réforme annoncée va permettre de valoriser le secteur et de créer de nombreux emplois au plan local. « Nous souhaitons que ce gouvernement ne s’arrête pas en si bon chemin et mette l’accent sur l’accès au bois d’origine légale par les PME et artisans qui éprouvent d’extrêmes difficultés à avoir du bois pour leurs activités quotidiennes. Car en l’état actuel les lois et règlements qui encadrent l’activité forestière ne leur sont pas favorables et avantageuses. Ce qui veut dire que le cadre légal et réglementaire en matière d’accès au bois ne permet pas à nos PME et artisans locaux de la filière transformation du bois d’être compétitifs. Et c’est toute difficulté à laquelle les PME et artisans locaux seront confrontés dans cette nouvelle dynamique en développement dans la filière bois au Cameroun ».
La réunion des ministres en charge des forêts, de l’industrie et de l’environnement s’est tenue le 18 novembre 2020 par visioconférence, sous la présidence de Jules Doret Ndongo, Ministre des forets et de la faune du Cameroun pour la validation des cadre industrielles et règlementaire de la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation durable de la filière du bois dans le bassin du Congo.
Dans son allocution, le commissaire Shey Jones Yembe a rappelé que la mise en œuvre des instruments participe aux objectif commun qui consiste à accroitre, à sécuriser et à valoriser les ressources du bois dans l’intérêt d’intensifier les activités de diversification économique réaffirmée par les chefs d’Etat de la Cemac lors de leur sommet extraordinaire tenu à Yaoundé le 23 décembre 2016. Il a souligné que la stratégie sera au centre des projets de deuxième génération du Pref-Cemac pour contribuer à la relance économique post Covid-19.
Le représentant du Directeur général par intérim du bureau régional de la Banque Africain de Développement Ali Eyeghe a axé son intervention sur l’effort fourni par la commission de la Cemac dans l’organisation de cette activité. A cet effet, il estime que l’adoption du cadre institutionnel et réglementaire permettra d’accélérer le processus d’industrialisation durable de la filière du bois dans le bassin du Congo et de générer une dynamique de création d’emploi pour les jeunes. Il estime également que le processus constitue un levier de développement du commerce intra régional qui devrait faciliter l’application désormais effective de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace Cemac et l’entrée en vigueur de la zone libre échange continentale.
Le président de la Bdeac Marcel Ondele quant à lui a apprécié l’importance de la mise en œuvre de ce cadre institutionnel et règlementaire qui est une opportunité historique à saisir pour voir enfin les forêts du bassin du Congo, attirer plus de technologie et de financement de la sous-région. A cet effet, il a rassuré les ministres que la Bdeac ne ménagera aucun effort pour jouer sa partition ceci avec son plan stratégique 2017-2022.
Jules Doret Ndongo, Ministre des forets et de la faune du Cameroun a souligné l’intérêt de mettre en œuvre cette stratégie de valorisation industrielle du bois dans le bassin du Congo.
Albert BOMBA