Acteur stratégique dans la mise en œuvre du Plan d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH), la Banque Camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC-PME) entend jouer un rôle central dans le financement ciblé des filières prioritaires. À travers une réorientation de ses actions et une meilleure couverture territoriale, elle ambitionne de soutenir la SND30 tout en renforçant la souveraineté économique nationale.
Créée pour remédier aux difficultés structurelles d’accès au crédit pour les petites entreprises, la BC-PME s’est progressivement imposée comme une institution financière incontournable au service des entrepreneurs camerounais. À l’occasion du Salon de l’Action Gouvernementale (SAGO) 2025, elle a réaffirmé son rôle clé dans la promotion du Plan d’Import-Substitution Agropastoral et Halieutique (PIISAH), pierre angulaire de la stratégie gouvernementale pour une économie plus résiliente. « Le PIISAH, qui découle de la stratégie rurale, permet à la banque d’accompagner l’État dans son objectif de réduction de la dépendance aux importations, notamment dans des filières comme le riz », explique Fouda Evindi Philomène, Chef du bureau des filières agro-industrielles et agricoles à la BC-PME. Chaque année, ce sont plus de 200 milliards de FCFA de devises qui sortent du pays pour l’importation de riz, alors même que la production locale pourrait répondre à une grande partie de cette demande.
Dix ans au service des PME, une nouvelle orientation stratégique
En dix années d’existence, la BC-PME a ouvert près de 8 000 comptes et injecté 100 milliards de FCFA dans le financement des PME. Toutefois, l’essentiel de ces fonds a bénéficié à des entreprises de services, moins alignées avec la vocation stratégique initiale de la banque. D’où l’ambition actuelle de recentrer ses interventions sur les secteurs productifs prioritaires. « Cette réorientation implique aussi une meilleure couverture territoriale. Si jusqu’ici la majorité des interventions se concentraient à Douala et Yaoundé, la banque veut désormais élargir son rayon d’action vers les régions du Grand Nord, de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », poursuit la responsable.
Promouvoir les productions locales pour inverser la balance commerciale
La BC-PME veut désormais offrir un accompagnement technique et financier adapté aux besoins du terrain. C’est notamment le cas dans la filière laitière, où des défis majeurs subsistent en matière de conservation et de transformation du lait local. « Dans l’Adamaoua, malgré la forte production laitière, la distribution et la transformation restent problématiques. Notre mission est de proposer des solutions pour valoriser ces ressources locales et, à terme, en faire des produits d’exportation », précise Fouda Evindi. Cet appui ne se limite pas à la seule dimension financière. Il s’inscrit dans une dynamique globale d’appui à la structuration des chaînes de valeur, à l’amélioration des outils de production et à l’accompagnement des entrepreneurs vers une meilleure compétitivité.
Une banque publique au service de la SND30
Entièrement détenue par l’État, la BC-PME est aussi un levier institutionnel pour l’atteinte des objectifs de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30). Elle entend répondre aux défis de l’emploi, de la transformation locale et de l’inclusion économique à travers des solutions de financement personnalisées et des partenariats interinstitutionnels renforcés. La banque veut également renforcer sa visibilité et son ancrage auprès des entrepreneurs, à travers une approche participative. « Il ne s’agit pas seulement de financer, mais aussi d’écouter, de comprendre les réalités de terrain pour adapter les solutions. C’est ainsi que nous pourrons pleinement jouer notre rôle d’accélérateur de croissance », conclut Fouda Evindi.
En se positionnant comme un acteur central du financement du tissu productif national, la BC-PME montre qu’une banque publique peut être à la fois un moteur de développement et un pilier de la souveraineté économique.