Loi de finances rectificative 2025 – Le Cameroun recourt à un emprunt extérieur inédit de 330 milliards FCFA pour combler ses besoins financiers

Partager...

Face à une pression accrue sur sa trésorerie et une hausse inattendue de ses besoins de financement en 2025, le Cameroun prévoit de mobiliser un emprunt extérieur exceptionnel de 330 milliards FCFA. Cette opération, absente de la loi de finances initiale, marque un tournant dans la stratégie de financement de l’État, avec un recentrage vers les marchés internationaux, appuyé par des partenaires comme la Banque mondiale et Natixis.

Le gouvernement camerounais va soumettre au Parlement une loi de finances rectificative pour intégrer un nouvel emprunt extérieur de 330 milliards FCFA. Cette mesure vise à répondre à une augmentation substantielle des besoins de financement de l’État, qui passent de 1 795 milliards FCFA dans la loi de finances initiale à 2 326,5 milliards FCFA, soit un bond de 531,5 milliards. Cette pression est liée à la hausse imprévue de certaines dépenses courantes, selon Samuel Tela, directeur de la Trésorerie au ministère des Finances. L’État, confronté à une saturation du marché domestique, se tourne davantage vers des financements extérieurs pour stabiliser sa politique budgétaire.

En parallèle, une opération distincte de 100 milliards FCFA est en cours de montage avec l’appui de la Banque mondiale, via sa filiale MIGA, et la banque française Natixis. Cette ligne de crédit, qui fait partie d’un montant total de 200 milliards FCFA autorisé par le chef de l’État le 19 mai dernier, vise à couvrir les tensions de trésorerie attendues entre mai et août 2025. Ce financement, à court terme, est garanti et renouvelable deux fois sur une durée maximale d’un an. Il servira au règlement de factures dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, les infrastructures ou l’accès à l’eau potable, avec une obligation de remboursement avant le 31 décembre 2025.

Le Cameroun adapte sa stratégie de financement face aux conditions défavorables sur le marché intérieur. Le volume d’émissions de titres publics a été revu à la baisse à 350 milliards FCFA contre 380 milliards prévus initialement. En revanche, les financements bancaires domestiques bondissent à 440,1 milliards FCFA, dont 250 milliards proviennent d’un prêt direct garanti par Afreximbank. À cela s’ajoutent des appuis budgétaires en hausse dans le cadre du programme FMI-Banque mondiale, désormais estimés à 214 milliards FCFA, et 217,4 milliards de financements exceptionnels, incluant le report partiel du déclassement du FMI lié à la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).

Avec ce virage vers des sources externes et multilatérales, le Cameroun cherche à sécuriser ses engagements budgétaires tout en maîtrisant la soutenabilité de sa dette. L’appui d’institutions internationales permet également de renforcer la crédibilité des opérations sur les marchés. À travers cette diversification, le pays illustre une volonté de mieux anticiper les chocs budgétaires, tout en poursuivant ses objectifs de développement dans des secteurs prioritaires

Related posts