La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) tire la sonnette d’alarme. À fin mars 2025, plus de 17 % des crédits bancaires accordés dans la zone CEMAC sont en souffrance. Une situation qui fragilise les établissements de crédit et reflète les failles persistantes dans la gouvernance bancaire et le climat économique sous-régional.
La situation du portefeuille bancaire dans la zone CEMAC devient de plus en plus préoccupante. Réunie le 23 juin 2025 à Bangui lors de sa concertation annuelle avec la profession bancaire, la Cobac a révélé que les créances en souffrance représentent désormais plus de 17 % des crédits bruts accordés par les banques de la sous-région. Ce chiffre illustre une détérioration inquiétante de la qualité des actifs bancaires. Selon la BEAC, le volume total de ces créances impayées a quadruplé entre 2012 et 2022, passant de 495 milliards à près de 1918 milliards de FCFA. Une progression alarmante qui traduit une vulnérabilité croissante du système bancaire.
La Banque centrale pointe d’abord des faiblesses structurelles. Les dispositifs de gestion des risques dans les banques restent insuffisants. Trop orientées vers les performances commerciales, nombre d’institutions financières négligent l’évaluation approfondie de la solvabilité de leurs clients. Résultat : une accumulation de créances dites « douteuses » ou « immobilisées » qui pèse lourdement sur les bilans. La Cobac rappelle que les créances immobilisées sont échues depuis plus de trois mois mais dont le recouvrement reste encore possible, tandis que les créances douteuses comportent un fort risque de non-remboursement, même en présence de garanties.
Outre les défaillances internes aux banques, la dégradation de l’environnement économique régional pèse sur la santé financière du secteur. Le ralentissement cyclique de l’activité dans plusieurs pays de la zone et les tensions sur les budgets publics entraînent des retards de paiement de la part des États. Ces retards, à leur tour, affectent les entreprises prestataires, souvent incapables d’honorer leurs engagements envers les banques. Dans ce contexte, la viabilité du secteur bancaire dans la CEMAC est sérieusement mise à l’épreuve. Les régulateurs exhortent à une réforme en profondeur de la gouvernance bancaire, couplée à une politique macroéconomique plus stable, pour endiguer cette spirale inquiétante.