Le 3 juillet 2025, le forum B2B Turquie-Cameroun réunira décideurs publics et industriels. Point d’orgue : une réunion tripartite entre l’ONCC, l’ambassade turque et le ministère du Commerce pour poser les bases d’un corridor cacao Douala-Istanbul.
La consommation de chocolat y a bondi de 70 % en dix ans, alors que les fèves locales sont quasi inexistantes. En 2023, 5 800 t camerounaises ont déjà trouvé preneur à Ankara (3,2 % des ventes extérieures du Cameroun). Les exportateurs turcs visent 12 000 t dès 2027, voire 20 000 t avec un accord préférentiel.
Vingt sociétés turques des secteurs textile, machines, emballage et agro-alimentaire feront le déplacement, guidées par la TIM et l’ITKIB. En face, la CCIMA a mobilisé 80 entreprises locales pour des rendez-vous B2B au palais des congrès, avec l’appui du CNCC.
Diversifier la clientèle réduit la dépendance vis-à-vis de l’Europe de l’Ouest et peut stabiliser les prix bord champ. La demande turque, plus souple sur les tonalités, donnerait de l’air aux coopératives et inciterait à la transformation locale.
La qualité post-récolte demeure le talon d’Achille : fermentation homogène et séchage contrôlé seront surveillés. L’ONCC prépare un programme pilote dans le Mbam-Inoubou et le Sud-Ouest, tandis que Turkish Airlines étudie une desserte cargo Istanbul-Douala, complémentaire de futures lignes maritimes vers Mersin.
Le conclave de l’hôtel Sawa devrait déboucher sur un mémorandum fixant trois jalons : 10 % des fèves camerounaises vers la Turquie d’ici 2026 ; un entrepôt sous douane turc au port de Kribi ; une étude de faisabilité pour une usine de broyage mixte beurre-poudre.
À l’heure où le Cameroun veut monter en gamme dans la chaîne de valeur cacao, l’offensive d’Ankara pourrait ouvrir un nouveau chapitre de la diplomatie commerciale en Afrique centrale. Reste que la conclusion d’accords précis sur la fiscalité, la traçabilité et la logistique sera déterminante pour transformer l’essai.