Session budgétaire – Le Sénat interpelle le gouvernement face à la cherté de la vie et aux défaillances dans les services de base

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À l’ouverture de la session parlementaire de juin, le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, a dressé un tableau sans complaisance des difficultés sociales persistantes. Il a exhorté l’exécutif à plus d’efficacité dans ses choix budgétaires pour 2026, face à l’urgence des crises touchant l’eau, l’énergie, l’éducation et le pouvoir d’achat.

Le 10 juin 2025, lors de l’ouverture de la session consacrée au débat d’orientation budgétaire (DOB), le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, a rompu avec la langue de bois. Devant les élus et les membres du gouvernement, il a appelé à des actions concrètes pour améliorer les conditions de vie des populations camerounaises, en ciblant les secteurs névralgiques : l’eau potable, l’énergie, la santé, l’éducation, la formation professionnelle, et surtout la lutte contre la vie chère. Si des mesures ponctuelles ont été prises, notamment des exonérations fiscales et douanières ou l’achat groupé de produits de base, le président du Sénat a pointé leur insuffisance face à l’explosion des prix alimentaires, dans un contexte international perturbé par les conséquences de la guerre en Ukraine.

En 2024, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 14 %, frappant de plein fouet les ménages à faibles revenus. Le Cameroun, à l’instar d’autres pays, subit les effets de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement et des tensions inflationnistes globales. Mais les critiques internes portent surtout sur l’inefficacité des réponses structurelles et la faible anticipation des besoins sociaux croissants.

Le constat est alarmant : seulement 29 % des ménages camerounais ont accès au réseau public d’eau potable, selon une enquête de l’INS en 2021. À Yaoundé et Douala, les pénuries sont quasi-quotidiennes, aggravées par la vétusté des infrastructures et la croissance démographique. La société publique Camwater reconnaît elle-même perdre plus de la moitié de sa production à cause de fuites et de raccordements illégaux.

Le déficit énergétique chronique est un autre point noir. Le pays perd 40 % de l’électricité produite avant qu’elle n’atteigne les consommateurs, faute d’un réseau de transport moderne. La crise énergétique de septembre 2024 reste dans les mémoires, avec des coupures prolongées ayant paralysé l’activité économique et sociale.

Autre sujet d’inquiétude : le budget de l’éducation plafonne à 3,3 % du PIB, bien en deçà des standards internationaux. Ce sous-investissement impacte directement la qualité de l’enseignement et l’accès à l’éducation, notamment pour les enfants des zones rurales et les filles. Malgré l’apport des communes et les financements extérieurs, le déficit reste profond.

Face à ces constats, Marcel Niat Njifenji souhaite que les orientations budgétaires pour 2026 soient davantage structurantes, capables de renforcer la résilience de l’économie et de restaurer la confiance des citoyens. Il appelle à des décisions courageuses et ciblées, loin des mesures conjoncturelles, pour assurer un minimum vital aux populations. Le message est lancé : place désormais aux actes.

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