Noix de kola – Une filière en or que le Cameroun tarde à valoriser

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Avec près de 15,4 % de la production mondiale de noix de kola, le Cameroun se hisse au 3ᵉ rang des pays producteurs. Pourtant, ce potentiel agricole reste largement inexploité, entre exUortations informelles, absence de transformation industrielle et invisibilité dans les statistiques officielles. Une opportunité économique à structurer d’urgence, au moment où la demande mondiale explose.

Avec une production annuelle stable de 48 500 tonnes de noix de kola au cours des cinq dernières années, le Cameroun s’impose comme troisième producteur mondial de ce fruit stimulant prisé en Afrique de l’Ouest et au-delà. Ce chiffre représente 15,4 % de la production mondiale, selon la plateforme spécialisée Tridge. Le pays se situe derrière le Nigeria (174 100 tonnes, soit 55,2 %) et la Côte d’Ivoire (58 640 tonnes, soit 18,6 %), mais devance des producteurs comme le Ghana (7,8 %) et la Sierra Léone (2,7 %).

La demande mondiale en noix de kola est en nette croissance. Le cabinet Cognitive Market Research estime le marché global à 119 millions de dollars en 2025 (environ 65 milliards FCFA), avec une croissance annuelle moyenne projetée à 3,3 % jusqu’en 2033. Cette dynamique s’explique par la diversification des usages : autrefois consommée presque exclusivement à l’état brut, la kola entre désormais dans la fabrication de boissons énergisantes, cosmétiques, et dans la médecine traditionnelle.

Curieusement, malgré son rang mondial, la noix de kola ne figure pas dans les rapports officiels sur le commerce extérieur du Cameroun. Une absence qui soulève des questions. La raison serait la prépondérance de circuits d’exportation informels, notamment vers le Nigeria voisin, premier producteur et importateur. Une frontière longue de 1500 km, souvent difficile à contrôler, favorise ce commerce hors statistiques.

En dehors de cette exportation informelle, la kola est principalement consommée localement ou transformée de manière artisanale. Les initiatives industrielles demeurent embryonnaires, malgré le potentiel économique. Pourtant, une meilleure structuration de la filière — de la production à la transformation en passant par la commercialisation — pourrait générer des milliers d’emplois, augmenter les recettes fiscales et diversifier les exportations agricoles du pays.

Alors que la demande mondiale explose, le Cameroun pourrait tirer des bénéfices importants d’un investissement stratégique dans cette culture. Cela suppose des actions concrètes : organisation des producteurs, formalisation des circuits de commercialisation, soutien à la transformation locale, et intégration de la kola dans la politique agricole nationale. La noix de kola, longtemps perçue comme un produit secondaire, pourrait bien devenir un pilier de l’agriculture camerounaise de demain. Encore faut-il que les décideurs et acteurs de la filière saisissent cette opportunité avant que d’autres ne la capitalisent à leur place.

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