Grâce à l’introduction de la race bovine Montbéliarde dans le cadre du Projet de développement de l’élevage (Prodel), soutenu par la Banque mondiale, la région de l’Adamaoua enregistre une croissance remarquable de la production laitière. Une avancée significative qui ne suffit toutefois pas à combler le déficit national.
La région de l’Adamaoua, haut lieu de l’élevage bovin au Cameroun, connaît une véritable embellie en matière de production laitière. Selon Ismaïla Bello, directeur général de Sahel Agro Consulting, certains élevages ont vu leur production quotidienne passer de 20 à 35 litres de lait par vache, soit une hausse de 75 %. Il s’exprimait le 3 juin 2025, au ministère des PME, lors d’une rencontre avec une délégation du Medef, le patronat français en visite au Cameroun.
Ce bond de productivité est attribué à l’introduction dans le cheptel camerounais de la race bovine Montbéliarde, réputée pour son haut rendement laitier et sa bonne adaptation aux climats rudes. Acquises par vagues successives depuis 2021 dans le cadre du Prodel, ces 495 génisses ont été déployées dans plusieurs régions, dont l’Adamaoua, l’Extrême-Nord, le Centre, le Sud et l’Ouest. « Avec une alimentation abondante en eau et en herbe, ces vaches peuvent produire jusqu’à 20 litres par jour. Et grâce à des techniques modernes de traite, cette production peut encore être intensifiée », expliquent les responsables du projet.
Malgré les progrès observés — avec une production nationale passée de 173 900 tonnes en 2022 à 176 600 tonnes en 2023 (+2 %) — le Cameroun reste confronté à un important déficit de près de 120 000 tonnes par an. Pour le combler, le pays continue de recourir massivement aux importations. En 2023, plus de 35 milliards de FCFA ont été dépensés pour l’importation de 17 217 tonnes de lait en poudre et concentré, selon l’Institut national de la statistique (INS), soit une hausse de 2 milliards par rapport à 2022.
L’expérience de l’Adamaoua laisse entrevoir un potentiel certain pour la réduction des importations laitières. Toutefois, des investissements supplémentaires en infrastructures, en formation des éleveurs et en techniques de transformation sont nécessaires pour permettre au Cameroun de tendre vers l’autosuffisance laitière.