Le 9 juin 2025, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a signé un arrêté portant création d’un Cadre de négociation des conventions minières. Rattaché à la SONAMINES, cet organe vise à garantir une meilleure rentabilité des projets miniers au Cameroun, dans le respect des normes sociales et environnementales. Une avancée majeure pour un secteur encore marginal, mais à fort potentiel.
Le Cadre de négociation des conventions minières, nouvellement créé, marque une étape décisive dans la gouvernance du secteur extractif au Cameroun. Placé sous l’égide de la Société nationale des mines (SONAMINES), cet organe permanent est chargé de conduire les négociations entre l’État et les opérateurs miniers privés. Objectif : garantir une juste répartition des bénéfices issus de l’exploitation minière tout en assurant la protection de l’environnement et la promotion de l’emploi local. Conformément à l’article 40 du Code minier de décembre 2023, ce Cadre est présidé par le Directeur général de la SONAMINES. Il regroupe des représentants de ministères stratégiques (Mines, Finances, Environnement, Travail, Domaines, etc.), des collectivités locales concernées, ainsi qu’un maximum de cinq experts techniques, juridiques et financiers.
Le fonctionnement du Cadre repose sur un principe de rigueur. Toute convention minière devra respecter les lois camerounaises et intégrer des clauses garantissant la valeur ajoutée pour l’économie nationale : emploi local, retombées fiscales, normes environnementales, etc. Chaque session, convoquée par le président, donnera lieu à un rapport et un projet de convention transmis au ministre des Mines. Les membres recevront des indemnités et les charges seront supportées par la SONAMINES. Ce dispositif met fin à des pratiques antérieures jugées opaques et peu favorables à l’intérêt public. Il entend réconcilier attractivité pour les investisseurs et souveraineté économique pour l’État.
Le Cameroun mise sur plusieurs projets miniers d’envergure pour transformer son économie. Le projet de bauxite de Minim-Martap, celui de fer de Mbalam-Nabeba (avec une composante ferroviaire et portuaire) et l’exploitation du rutile à Bipindi-Grand Zambi sont au cœur de cette dynamique. Aujourd’hui, le secteur minier ne représente qu’environ 1 % du PIB hors pétrole, mais ses perspectives sont considérables. Désormais, chaque projet prévoit des mécanismes de redistribution : 10 % de parts gratuites à l’État, 3 % de taxe ad valorem, 5 % de production à partager, et 1 % de chiffre d’affaires destiné au développement du secteur et au renforcement des capacités.
Avec l’instauration de ce Cadre de négociation, le Cameroun affiche sa volonté d’industrialiser et d’encadrer efficacement l’exploitation de ses ressources. Ce tournant stratégique vise à maximiser les retombées économiques locales, tout en rassurant les investisseurs à travers un cadre clair et équitable. La réforme constitue une avancée vers une gouvernance minière moderne, intégrée dans une logique de durabilité, de transparence et de justice sociale. Le sous-sol camerounais, longtemps sous-exploité, pourrait enfin devenir un véritable levier de développement.