Santé publique – La BEAC lance un centre médical d’excellence pour renforcer la souveraineté sanitaire de la CEMAC

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Pour contrer la dépendance chronique aux évacuations sanitaires à l’étranger, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) projette de construire un centre médical de référence pour les six pays de la CEMAC. Une réponse stratégique à l’hémorragie financière liée aux soins à l’étranger et à la faiblesse des systèmes de santé locaux.

La BEAC vient de dévoiler un projet ambitieux : la création d’une unité médicale régionale de référence pour les pays membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), à savoir le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad. Cette initiative, portée par la Caisse de retraite complémentaire de l’institut d’émission, vise à mettre fin à la dépendance coûteuse et durable aux évacuations sanitaires hors du continent. Chaque année, des milliards de FCFA quittent la sous-région pour financer des traitements médicaux à l’étranger. La BEAC entend ainsi, selon ses mots, « répondre aux besoins de santé de ses populations avec des infrastructures médicales de pointe ». Une procédure internationale est déjà ouverte pour sélectionner une entreprise capable de mobiliser les partenaires techniques et financiers nécessaires.

Au-delà du cadre médical, le projet incarne une volonté politique claire : restaurer la souveraineté sanitaire de la CEMAC. Il ambitionne de doter la région d’un centre d’excellence capable non seulement de limiter les sorties de devises, mais aussi de répondre à la demande croissante en soins spécialisés. Les chiffres sont édifiants : au Cameroun, en 2023, seulement 81 personnes ont été évacuées à l’étranger contre 281 à l’intérieur du pays. Le Gabon, quant à lui, a dépensé près de 14 milliards FCFA pour soigner à l’étranger quelque 1 488 patients entre 2010 et 2015, via la CNAMGS.

En créant une structure sanitaire régionale de haut niveau, la BEAC espère également freiner l’exode du personnel de santé vers d’autres continents. L’accès à un plateau technique performant pourrait encourager les praticiens à rester dans la région, tout en attirant des compétences nouvelles. Ce projet, à la croisée de la santé, de l’économie et de l’intégration régionale, pourrait bien marquer un tournant majeur pour les politiques publiques de la CEMAC. Il reste désormais à transformer cette ambition en réalité.

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