Craintive, voire hésitante ; près de 25 ans après les deux privatisations intervenues en 2001(Aes Corporation) et 2014 (Actis). Le Gouvernement camerounais semble, 15 ans plus tard, vouloir mettre un terme à la filouterie qu’avait dénoncée le Chef de l’Etat, Paul Biya en 2010. Lequel avait engagé sa pléthore de collaborateurs, ce au cours de la première privatisation, à œuvrer pour un retour exclusif du secteur énergétique sous le giron de l’Etat. L’objectif de cette volonté de nationaliser à nouveau se trouvait alors aux confins de la souveraineté énergétique retrouvée et de l’accomplissement des défis liés au développement économique du pays.
Quatre mois après que le rachat d’Eneo se soit déporté à la Chambre de Commerce International de Paris. Le fonds d’investissement britannique Actis, a finalement validé via un accord de principe, l’offre de 78 milliards FCFA émise par le Cameroun pour le rachat de sa participation majoritaire (51 %) dans Energy of Cameroon (Eneo), le principal gestionnaire de l’électricité du pays.
Le bal masqué des intérêts égoïstes
L’accord de principe entre le britannique Actis et le gouvernement camerounais intervient dans un contexte où d’une part, le Comité interministériel piloté par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, proposait jusqu’à 80 milliards FCFA sur la base d’une évaluation du cabinet français KPMG. Tandis que, des responsables au sein de la Présidence de la République tablaient sur une offre de 45 milliards FCFA. Les griefs tels que des facturations abusives et le non-respect des règles de service ayant été mis en avant pour justifier le montant proposé.
Si dans une correspondance du 22 mai 2025, David Alderton, négociateur en chef pour Actis et dirigeant de Cameroon Power Holdings (CPH) confirmait l’accord de principe. Des conditions strictes à sa finalisation avaient été émises, « Tous les paiements dus par Eneo à Actis (y compris les arriérés au titre des contrats de services techniques et de personnel) devront être intégralement réglés avant la finalisation », assurait ce dernier. Alors que la transaction validée dans son principe, reste ainsi soumise à l’approbation finale de Paul Biya. S’appuyant sur la réalité du terrain, les experts questionnent la stratégie énergétique à venir du Cameroun. Le pays continuant à peiné pour assurer une électricité stable tant à la population qu’aux entreprises. Or le volume de la production s’est enrichi de 420 MW de plus avec l’entrée en service du barrage de Nachtigal.
Les orientations du décret de novembre 2006
Avec le départ d’Actis qui se précise davantage, Electricity Development Corporation (EDC), le conseiller de l’Etat camerounais en matière énergétique pourrait jouer un rôle clé dans la renationalisation de ce secteur névralgique. En se se référant au décret n° 2006/406 du 29 Novembre 2006 portant création de cette entité publique, il est stipulé que Electricity Development Cameroon « peut également intervenir comme exploitant temporaire en cas de défaillance d’un opérateur ». D’ailleurs, avec le décret N°2020/245 du 04 mai 2020 portant approbation des statuts de la Société Electricity Development Corporation, l’entreprise voit ses missions étendues tout en conservant celles de base. Telles que définies dans son décret de création, au delà de développer le secteur de l’électricité. Ses missions incluent la gestion du patrimoine public, la promotion des investissements, la construction et l’exploitation d’infrastructures électriques, ainsi que la surveillance des activités des opérateurs du secteur.
De façon plus détaillé, au titre de gestion du patrimoine public. EDC gère le patrimoine public dans le secteur de l’électricité pour le compte de l’État, à l’exception de celui concédé à d’autres acteurs. Cela inclut la conservation et l’optimisation des actifs électriques, comme les barrages et les centrales. Quant à la promotion des investissements, l’on note que la structure publique participe à la promotion des investissements publics et privés dans le secteur de l’électricité, en encourageant la construction de nouvelles infrastructures et la diversification des sources d’énergie.
Par ailleurs, parlant de la construction et de l’exploitation des infrastructures ; la structure est chargée de réaliser des projets d’infrastructure électrique, comme la construction et l’exploitation de barrages et de centrales, et peut également intervenir comme exploitant temporaire en cas de défaillance d’un opérateur.
Dans le cadre de la supervision des activités ; EDC peut prendre et suivre des participations dans les entreprises opérant dans la production, le transport, la distribution, la vente, l’importation et l’exportation d’électricité, afin de surveiller leurs activités et de garantir la continuité du service public. Globalement, « EDC devrait jouer un rôle essentiel dans le développement du secteur de l’électricité au Cameroun, en promouvant les investissements, en gérant le patrimoine public et en supervisant les activités des opérateurs », soutiennent les experts.