Le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) a lancé, ce 5 juin 2025 à Bertoua, une campagne nationale de sensibilisation des producteurs sur le Règlement européen sur la déforestation (RDUE). À un an de l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation, l’objectif est clair : préparer les acteurs de la filière à maintenir l’accès au marché européen, qui absorbe plus des deux tiers des exportations camerounaises de cacao et de café.
Adopté par l’Union européenne, le RDUE interdit, à compter du 1er janvier 2026, l’importation de produits agricoles issus de zones déboisées après le 30 décembre 2020. Sept produits sont concernés : le cacao, le café, le caoutchouc, le bois, le soja, le bœuf et l’huile de palme. Pour être admis sur le marché européen, ces produits devront respecter la législation du pays d’origine et être accompagnés d’une déclaration de diligence raisonnée. Surtout, ils devront être certifiés « zéro déforestation ».
Face à cet enjeu crucial pour l’économie agricole du Cameroun, le CICC, sous la houlette de son secrétaire exécutif Omer Malédy, sillonne les principales zones de production pour expliquer le contenu et les implications du RDUE. Selon le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, « 78 % du cacao et 68 % du café exportés par le Cameroun sont destinés à l’Europe ». Il est donc vital de préparer les producteurs à ces nouvelles exigences pour éviter une perte d’accès à ce marché stratégique.
Pour garantir la traçabilité des produits, le CICC a signé, en août 2024, un accord avec six exportateurs visant à mutualiser les données de géoréférencement des plantations. Une plateforme centralisée permettra d’attester la conformité des parcelles à la norme « zéro déforestation ». Cette initiative est cruciale pour accompagner les petits producteurs, souvent vulnérables aux coûts induits par la mise en conformité.
Le gouvernement voit dans cette démarche un levier pour maintenir la compétitivité du cacao et du café camerounais à l’échelle internationale. La mutualisation des efforts vise aussi à éviter l’exclusion des petits exploitants, tout en positionnant le Cameroun comme un fournisseur responsable et durable aux yeux de ses partenaires européens.