Après une brillante carrière internationale, Oudou Nsangou revient au Cameroun pour prendre la tête de la filiale EDF upOwa. Son ambition : transformer le paysage énergétique rural en s’appuyant sur l’off-grid solaire. Au-delà d’un simple retour, son engagement soulève des enjeux cruciaux pour l’avenir énergétique du pays.
Le retour d’Oudou Nsangou au Cameroun marque bien plus qu’un changement de cap professionnel. À la tête de la filiale camerounaise d’EDF upOwa, spécialisée dans les solutions solaires hors réseau (off-grid), il incarne un tournant stratégique pour un pays où plus de 40 % de la population vit encore sans accès fiable à l’électricité. Ancien directeur général de Bboxx EDF Togo, où il a contribué à électrifier des milliers de foyers, Nsangou revient avec une vision claire : faire du solaire un levier de transformation sociale et économique dans les zones rurales et périurbaines. Dans un pays où les inégalités énergétiques freinent l’éducation, la santé et l’entrepreneuriat, ce défi prend une dimension nationale.
Le système électrique camerounais est confronté à plusieurs vulnérabilités : dépendance aux grands barrages, pertes techniques élevées, infrastructures vétustes, et forte concentration urbaine de l’offre. Les zones rurales restent les grandes oubliées du développement énergétique, en dépit de leur poids démographique. Selon les estimations, près de 9 millions de Camerounais vivent encore sans électricité fiable, compromettant les efforts de décentralisation et de développement local. Dans ce contexte, les solutions off-grid, notamment solaires, offrent une alternative agile, durable et moins coûteuse que l’extension du réseau conventionnel.
Ce qui distingue le projet porté par Nsangou, c’est sa capacité à allier leadership stratégique et compréhension fine du terrain. Diplômé d’HEC Paris, formé en finance et engagé dans des recherches doctorales sur l’intelligence artificielle appliquée à la stratégie, il ambitionne de bâtir un modèle énergétique hybride : fondé sur la technologie, piloté par les données, et orienté vers l’impact. EDF upOwa entend ainsi renforcer sa présence dans les zones enclavées, innover dans les modèles de paiement (notamment le pay-as-you-go via mobile money), et développer des écosystèmes locaux d’emploi grâce à la formation de techniciens, installateurs et conseillers énergétiques.
Le retour de Nsangou s’inscrit aussi dans une dynamique plus large : la montée en puissance des acteurs privés dans la construction de la souveraineté énergétique africaine. Au Cameroun, les investissements publics peinent à répondre à la demande croissante. Le secteur privé, avec ses capacités d’innovation et de déploiement rapide, apparaît comme une pièce maîtresse. En réorientant EDF upOwa vers une approche territorialisée et inclusive, Nsangou ambitionne d’établir un modèle reproductible, à même de catalyser d’autres initiatives similaires. L’objectif : faire du Cameroun un laboratoire d’intégration énergétique en Afrique centrale, tout en consolidant sa résilience face aux dérèglements climatiques.
Au-delà de l’énergie, le parcours d’Oudou Nsangou symbolise le potentiel de la diaspora à contribuer concrètement au développement national. Son retour est un appel implicite à d’autres compétences expatriées, leur rappelant qu’elles peuvent jouer un rôle structurant dans la modernisation du pays. Dans un contexte où la jeunesse camerounaise exprime une soif de changement, son engagement envoie un message d’espoir : celui d’une génération qui, formée ailleurs, choisit de revenir bâtir ici.
La mission d’Oudou Nsangou ne sera pas simple. Elle nécessitera des arbitrages complexes entre rentabilité, accessibilité et équité territoriale. Mais si elle réussit, elle pourrait bien repositionner le Cameroun sur la carte des leaders africains de l’énergie inclusive. En s’attaquant au déficit d’accès avec rigueur stratégique et sens de l’impact, Nsangou redonne sens à une ambition longtemps reportée : offrir à chaque Camerounais une lumière durable, au bout du réseau comme hors de celui-ci.