Caféiculture – Plus de plantations, moins de production dans le Littoral

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Malgré une augmentation notable des superficies cultivées, la production caféière de la région du Littoral n’a cessé de chuter au cours des cinq dernières années, atteignant en 2023 son plus bas niveau. Le phénomène illustre un désintérêt croissant pour cette culture jadis dominante, dans un contexte de prix peu incitatifs et de mutation vers des spéculations plus rentables comme le cacao.

La région du Littoral n’a produit que 7054 tonnes de café en 2023, d’après l’annuaire statistique publié par l’Institut national de la statistique (INS). Il s’agit du plus faible volume enregistré depuis 2019, bien en deçà du pic de 7900 tonnes atteint en 2019 et 2021. Cette contre-performance est d’autant plus préoccupante qu’elle survient dans un contexte d’expansion des superficies agricoles dédiées à la culture du café.

Selon les chiffres de l’INS, la superficie des plantations de caféiers dans le Littoral est passée de 21 250 hectares en 2019 à 26 875 hectares en 2023, soit une augmentation de 26,5 %. Paradoxalement, cette croissance n’a pas été synonyme d’un regain de production. Au contraire, la filière café semble s’enliser dans un cycle de faible rendement, reflet d’un désintérêt structurel des producteurs.

Ce désamour pour le café contraste avec l’explosion des plantations de cacao, qui ont presque triplé dans la région durant la même période, passant de 33 820 à 97 304 hectares. Le département du Moungo, autrefois bastion de la caféiculture, voit désormais une reconversion massive de ses terres vers le cacao, plus rémunérateur et soutenu par un marché mondial plus stable.

La situation du Littoral s’inscrit dans une tendance nationale : le Cameroun, qui produisait encore 130 000 tonnes de café dans les années 1990, est tombé à 17 600 tonnes prévues en 2025 selon la BEAC. Les raisons sont multiples : chute des cours mondiaux du café depuis plus de 30 ans, prix d’achat local jugés insuffisants, effets du changement climatique et cycles de culture plus longs comparés aux cultures vivrières ou au cacao.

Le plan de relance de la filière café lancé en 2014, visant à atteindre 160 000 tonnes en 2020, n’a pas donné les résultats escomptés. Onze ans plus tard, les objectifs sont encore loin d’être atteints.

Malgré ce marasme, la filière café se distingue par un dynamisme dans le segment de la transformation. Contrairement au cacao, largement contrôlé par des multinationales, la torréfaction du café est dominée par des acteurs locaux. Plusieurs marques camerounaises se sont d’ailleurs distinguées sur le plan international grâce à la qualité de leurs produits, redonnant un souffle d’espoir à une filière en quête de renaissance.

Le paradoxe du café dans le Littoral — plus de plantations, mais moins de production — illustre les défis profonds que traverse cette culture de rente au Cameroun. Si la transformation locale offre quelques motifs de satisfaction, une relance durable passera nécessairement par une amélioration des prix à la production, un accompagnement technique renforcé et une stratégie de reconquête du marché intérieur.

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