Longtemps évoqué sans réel lendemain, le projet visant à créer une Bourse africaine du cacao (AfCX) semble revivre d’un nouveau souffle porté par l’engagement de plusieurs instances et gouvernements. Sursaut d’orgueil ou enjeu international oblige, l’initiative remonte sur scène dans un contexte où, le continent africain pèse déjà pour près de 70 % de l’offre mondiale de cacao.
Depuis quelques années déjà, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) pense à la création d’une Bourse africaine du cacao. Selon la vision de cet organisme, l’objectif est de permettre une fixation des prix du cacao en Afrique et de favoriser le commerce intra-africain. Une initiative avantageuse qui devrait permettre au continent non seulement de fixer les prix de son cacao, mais aussi d’acter des mécanismes efficaces d’accès au financement pour les producteurs et les coopératives.
Pour mieux implémenter l’ambitieux projet, l’idée est d’établir quatre bourses nationales dans les pays tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun, chacune fonctionnant selon la réglementation locale. Ces bourses nationales, une fois en activités, devraient d’alimenter la bourse régionale. D’ailleurs, le Cameroun a été annoncé courant avril 2025, comme pays hôte du projet pilote pour les enchères de cacao. Un choix non anodin, car le secteur cacaoyer du Cameroun est plus libéralisé que celui des autres pays en Afrique, et le pays expérimente déjà des ventes aux enchères locales au niveau des coopératives. Avec le soutien de l’ONCC et du CICC, il est donc le pays idéal pour lancer cette phase pilote.
À la quête d’un prix juste et équitable pour les cacaoculteurs
Rythmé par un écart énorme entre le prix international et le prix bord champ. Soumis à l’action illégale des intermédiaires de la filière. La gestion du secteur de l’or brun en Afrique laisse encore le producteur africain très éloigné de l’acheteur final européen. Si l’on peut donc fixer les prix du cacao en Afrique, cela permettrait aux producteurs et aux coopératives d’obtenir un prix bien plus juste, qui reflète mieux la vraie valeur du produit. Au-delà, la mise en place d’une bourse africaine du cacao, contribuera à réduire la dépendance du continent africain aux marchés de New York et de Londres, principaux centres de décision en matière de fixation des prix de l’or brun.
Barry Callebaut, Olam : acheteurs philanthropes ou opportunistes
Dominateurs du marché de la fève sur l’ensemble du continent africain. Ces grandes maisons de négoce annoncent un soutien indéfectible au projet de bourse africaine du cacao. Pour les principaux responsables desdites firmes commerciales, le projet est en cohérence avec leur orientation, dont l’objectif est l’amélioration des conditions de vie des producteurs de cacao et de leurs communautés. Si ces firmes ont intérêt à soutenir toute initiative qui bénéficie réellement aux producteurs et aux coopératives, car leur propre modèle repose sur la stabilité à long terme des approvisionnements en cacao. Sous d’autres cieux, les observateurs restent dubitatifs, « il reste à voir comment ce mécanisme affecte concrètement leurs chaînes d’approvisionnement et leurs relations avec les producteurs et les coopératives ».