Bassin du Congo – Sous la menace grandissante des températures extrêmes

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Une étude internationale alerte sur les risques climatiques qui pèsent de plus en plus sur les forêts tropicales du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical du monde. Réchauffement accéléré, précipitations perturbées, biodiversité menacée : les conséquences pourraient être irréversibles si des mesures concrètes ne sont pas rapidement prises.

Les forêts d’Afrique centrale, concentrées dans le bassin du Congo, sont désormais considérées parmi les régions les plus vulnérables face à la montée des températures. Publiée en avril 2025, une étude conjointe de plusieurs institutions britanniques met en lumière un risque croissant pour cet écosystème vital. Selon ses auteurs, les pires scénarios climatiques à fortes émissions sont de plus en plus probables dans cette région, bouleversant la répartition des précipitations et la stabilité des forêts. Les modèles de simulation prévoient une hausse significative des températures, accompagnée d’épisodes de sécheresse et, paradoxalement, de gel, qui pourraient altérer profondément les cycles biologiques des plantes et la santé de la faune.

Un réchauffement accéléré et ses conséquences

Contrairement à ce que pensaient encore récemment certains climatologues, la hausse des températures en Afrique centrale s’avère plus rapide que prévu. Le bassin du Congo, qui couvre près de 240 millions d’hectares, subit déjà une réduction du nombre d’arbres fruitiers sauvages. Ce déclin a un impact direct sur les animaux frugivores – éléphants de forêt, primates, oiseaux – qui dépendent de ces ressources pour se nourrir et assurer la dissémination des graines. « La fragmentation forestière fragilise la résilience de ces forêts face aux chocs climatiques », explique le Dr Adam Higazi, co-auteur de l’étude et chercheur au Jardin botanique royal d’Édimbourg. Selon lui, les effets varient selon les zones géographiques, en raison de la diversité des types de forêts : les pentes humides du mont Cameroun, avec ses 4000 mm de pluie annuelle, diffèrent fortement des marécages de la Cuvette centrale, beaucoup plus secs.

Une biodiversité en péril

Le changement climatique aggrave les pressions anthropiques déjà lourdes sur la forêt : déforestation liée à l’agriculture sur brûlis, exploitation illégale du bois, développement des infrastructures et agro-industrie. Le dernier rapport de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC) rappelle que ces forêts absorbent environ 40 gigatonnes de carbone par an, soit l’équivalent des émissions humaines annuelles mondiales. La réduction de la taille des forêts entraîne mécaniquement une baisse de la biodiversité. Le risque est désormais documenté : si la tendance actuelle se poursuit, certaines zones du bassin du Congo pourraient progressivement se transformer en savane.

Face à l’urgence, des initiatives locales inspirantes

Malgré ce sombre tableau, des initiatives émergent. En République démocratique du Congo, des projets de reforestation cherchent à inverser la tendance. Jurgen Heytens Fajalobi, fondateur de l’ONG Faja Lobi, mise sur l’agroforesterie et la reforestation communautaire pour enrayer le déclin. « Il est crucial d’impliquer les communautés locales dans la gestion durable de leurs ressources », plaide-t-il. Selon l’étude, une réponse efficace au changement climatique passe nécessairement par la préservation de la biodiversité. Protéger les forêts existantes, restaurer les écosystèmes dégradés, et adapter les politiques publiques : telles sont les priorités identifiées.

Protéger pour préserver l’équilibre climatique mondial

Au-delà de l’Afrique centrale, les forêts du bassin du Congo jouent un rôle régulateur pour l’ensemble du continent africain. Elles influencent les régimes de précipitations bien au-delà de leurs frontières. Si elles viennent à disparaître, c’est l’équilibre climatique de vastes régions du globe qui pourrait vaciller. « La gestion durable des forêts est une priorité absolue face à la crise climatique », conclut le Dr Higazi. Il appartient désormais aux États, aux chercheurs et aux citoyens de s’unir pour préserver ce patrimoine naturel d’une importance capitale pour l’humanité.

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