Depuis 2018, la zone industrialo-portuaire de Kribi connaît une dynamique de croissance remarquable avec 53 projets industriels autorisés et près de 400 milliards FCFA investis. Porté par sa position stratégique et ses infrastructures modernes, ce pôle ambitionne de devenir un moteur clé de l’industrialisation du Cameroun, malgré des défis énergétiques persistants.
Le port en eau profonde de Kribi, situé sur la côte sud du Cameroun, est en passe de s’imposer comme une plateforme industrielle majeure en Afrique centrale. Depuis l’ouverture de sa zone industrielle en 2018, le Port autonome de Kribi (PAK) a attiré 53 entreprises aux profils variés : industrie lourde, transformation agroalimentaire, logistique et services. Ces entreprises ont injecté près de 400 milliards FCFA dans des projets structurants. La zone industrielle, qui s’étend sur 15 000 hectares attribués par décret présidentiel, accueille aujourd’hui des projets ambitieux et diversifiés.
Parmi les projets les plus emblématiques figure celui d’Atlantic Cocoa, filiale du groupe ivoirien Atlantic Group. En 2018, cette société a signé le tout premier contrat avec le PAK, investissant plus de 30 milliards FCFA dans une usine de transformation de cacao d’une capacité initiale de 48 000 tonnes, extensible à 64 000. L’ensemble du programme d’investissement du groupe au Cameroun est estimé à 98 milliards FCFA.
Deux autres unités majeures ont vu le jour récemment. Le cimentier portugais Cimpor a investi 37 milliards FCFA pour une usine d’une capacité annuelle d’un million de tonnes, implantée sur 6 hectares. Parallèlement, le groupe Cadyst, dirigé par l’industriel camerounais Célestin Tawamba, a lancé une minoterie de 13,5 milliards FCFA sur 2,5 hectares, capable de produire 100 000 tonnes de farine par an. Autre projet d’envergure : All Bitumen Plc prévoit d’implanter une usine de production de bitume accompagnée d’une mini-raffinerie de 10 000 barils par jour. Ce projet, qui représente un investissement colossal de 161 milliards FCFA, vise une production annuelle de 250 000 tonnes de bitume.
Malgré cet élan prometteur, la zone industrielle de Kribi fait face à une contrainte majeure : l’insuffisance énergétique. Alors que la centrale thermique de Globeleq produit 176 MW, seulement 13 MW sont disponibles pour la ville de Kribi. Le reste est redirigé vers le Réseau interconnecté Sud (RIS), limitant ainsi l’alimentation électrique des industries locales.
Selon Patrice Loumou, responsable de la prospective au PAK, le port de Kribi est destiné à jouer un rôle central dans la transformation économique du pays. Il est notamment appelé à devenir la principale porte de sortie des minerais issus des projets miniers en cours de développement. Mais pour atteindre cette ambition, la résolution des défis logistiques et énergétiques demeure une priorité.