Cameroon Water Utilities – Une révolution institutionnelle pour préserver le patrimoine et consolider la gestion de l’eau

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L’évolution des politiques publiques et les défis majeurs ressortis du bilan catastrophique de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC) avaient convaincu l’Etat camerounais à miser sur une nouvelle dynamique pour assurer la pérennité du service public de l’eau. Après 38 années de monopole absolu, l’hégémonie de la SNEC prenait fin avec la création en 2005 de la Cameroon Water Utilities Corporation, dont les prérogatives se verront renforcées par le décret n°2018/144 du 20 février 2018.

En s’inspirant d’un modèle économique répandu, qui établit une frontière entre les fonctions patrimoniales et d’exploitations, le décret n°2005/494 du 31 décembre 2005 a posé les premiers jalons d’une véritable restructuration du secteur de l’eau au Cameroun.  Deux entités ont ainsi vu le jour à savoir : la Cameroon Water Utilities Corporation (CAMWATER), société à capital public chargée des fonctions patrimoniales et de maîtrise d’ouvrage ; et la Camerounaise des Eaux (CDE), société de droit privé, qui bénéficiant d’un contrat d’affermage devrait désormais se charger de l’exploitation du service public de distribution de l’eau potable.

Cette première réforme intervient dans un contexte marqué par une recrudescence de difficultés. Au début de l’an 2000, la SNEC, gestionnaire de l’eau potable depuis 1967, fait face à plusieurs problèmes. Précarité financière avec effet immédiat sur toute tentative d’investissement, conflits multiples liés au recouvrement des factures auprès des entités publiques, infrastructures vétustes, taux de desserte en recul et des pertes d’eau en réseau de plus de 40%, sont autant de facteurs qui affectent le secteur. Si le décret de 2005 entend clarifier les responsabilités entre maître d’ouvrage et exploitation, améliorer la gestion financière et le recouvrement, puis préserver les infrastructures essentielles. Le pansement aux difficultés rencontrées par la SNEC va s’avérer inefficace. Une coordination très souvent complexe entre la Camwater et la CDE, adossée à une insatisfaction criarde dans l’amélioration du service de l’eau, vont pousser le gouvernement camerounais à revoir son plan directeur.

Le décret n°2018/144 du 20 février 2018 réorganisant la Camwater marque ainsi la 2ème réforme. Désormais opérateur unique, la Camwater doit en dehors des fonctions patrimoniales et d’exploitation, assurer les missions dévolues à la Camerounaise des Eaux. Mais aussi, l’institution jouit dorénavant d’une structure juridique et d’une gouvernance modernisées par rapport à la défunte SNEC. Selon l’article 3 du décret de 2018, notamment les alinéas 1 et 2, « (1) La CAMWATER a pour objet la gestion des biens et droits affectés au service public de l’eau potable, ainsi que l’exploitation du service public de production, de transport et de distribution de l’eau potable en milieu urbain et périurbain. […]  (2) La CAMWATER peut en outre : acquérir, obtenir et exploiter des concessions, droits et privilèges relatifs à l’exercice de son objet social ; assurer la construction et la gestion des infrastructures liées au service public d’assainissement, notamment le transport et l’épuration des eaux usées ; effectuer toutes opérations commerciales, industrielles, mobilières, immobilières et financières qui se rattachent, directement ou indirectement, aux objets définis ci-dessus de nature à favoriser leur développement ».

Globalement, c’est en se fondant sur la réforme de 2018 que la Camwater, entreprise publique à caractère commercial, dotée d’une large autonomie, entreprend depuis des années déjà, toutes les activités nécessaires à l’accomplissement de sa mission, de sa viabilité économique. Une révolution institutionnelle profonde, symbole d’une volonté accrue des pouvoirs publics, de renforcer la politique de l’eau potable au Cameroun.

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