« On doit et devrait pouvoir faire mieux pour les cacaoculteurs du Cameroun… » – Samuel Donatien Nengue, Administrateur Directeur Général du FODDEC

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Le cacao camerounais surfe sur une bonne vague à l’échelle mondiale. Ce produit peut-il tenir face aux nouvelles règles de l’Union Européenne sur la déforestation ?

L’Union Européenne représente sensiblement 70% des exportations de la fève d’origine camerounaise. Cela signifie que c’est un partenaire important et privilégié. Nous ne saurons nous mettre à contre-courant de la réglementation qui permet à la plus grande partie de notre production d’être vendue à l’international. Ceci de manière juste associée à de meilleures chances de placement. C’est un atout non négligeable, nous devons en tant que gestionnaire des filières, travailler à ce que le cacao du Cameroun soit davantage conforme à la réglementation de l’Union Européenne en matière de déforestation.

Des opérations de mapping ont été lancées dans les surfaces cacaoyères. En quoi consistent-elles ?

Les opérations de mapping dont il est question ne sont pas exclusivement engagées pour répondre aux obligations et exigences de l’Union Européenne. De façon classique, le mapping est une démarche, un processus. Ici l’objectif recherché est de mettre à la disposition du Gouvernement camerounais, un outil d’appréciation de l’état de la filière cacao. Notamment la connaissance de l’état du verger, des producteurs en général et des tendances. C’est un schéma qui permettra à l’Etat d’étudier les mécanismes à mettre en œuvre pour appuyer ces producteurs et ce en tout état de cause. Globalement, le mapping en soi est important, il est le résultat de l’effort entrepris par organes de filières pour enregistrer les producteurs, leur production, leurs parcelles afin de les géoréférencer dans une base de données.

La constitution de cette base de données est donc stratégique, c’est un outil précieux pour le gouvernement.

S’achemine-t-on vers la professionnalisation de la filière cacao ?

On pourrait arriver à cette étape. Mais ce serait dès qu’on saura qui est producteur et où se trouve ses parcelles de cacao. C’est à ce niveau que le mapping aide. Car c’est un outil qui garantit la traçabilité de la fève de cacao selon les exigences de l’Union Européenne. Ce qui permettra à terme de faciliter la commercialisation de la fève, de son lieu de culture jusqu’au marché. On pourra désormais connaître d’où est parti le cacao, de quelle plantation, qui en est le producteur.

L’accompagnement financier des producteurs de fèves fait toujours débat. Quel positionnement pour le Guichet de transition agro-écologique ?

Ce Guichet est un instrument que le Fonds de développement des filières cacao-café met en exécution. Il est l’un des guichets qui participe à la mise aux normes de notre production et à la professionnalisation de notre processus au plan global. Dans le détail, le Guichet évoqué consiste à amener le producteur via des explications ; et à faire adhérer ce dernier à un mécanisme qui consiste à produire plus intelligemment et à vivre en harmonie avec l’environnement qui l’entoure. Dans la production agro-écologique, le producteur doit connaître sa parcelle. Il nous a souvent été donné de constater, ceci à force de mapper, que le producteur ne connaît pas souvent le nombre de plants qu’il faut dans un espace qu’il déclare être le sien. Avec la production agro-écologique, le producteur a désormais la possibilité de densifier à nouveau sa parcelle, au lieu de se tuer à la tâche en essayant de casser une fois de plus la forêt. À travers le Guichet de transition agro-écologique, nous préparons les producteurs à comprendre que, outre le fait d’avoir des cultures variées dans une parcelle. Ils contribuent à préserver l’environnement, par conséquent ils peuvent dans un futur proche, aspirer à des revenus additionnels par le simple fait d’être des acteurs de captation du carbone.

À date, comment appréciez-vous la santé des filières cacao et café ? Et que signifie faire mieux pour les cacaoculteurs ?

Le critère d’appréciation de la santé sur le plan physique relève de ce qu’on ressent soi-même. En transposant cela aux filières cacao et café, on peut incontestablement dire que ces filières se portent plutôt bien aujourd’hui. Mais ce n’est pas sans dire que cette santé est absolue, qu’il y’a pas de problèmes. On doit et devrait pouvoir faire mieux pour les cacaoculteurs du Cameroun, car ils en ont besoin. Faire mieux suppose la consolidation de l’embellie actuelle. Il est question de garantir un prix à peu près juste, mais pas encore équitable pour les cacaoculteurs. En effet, l’observation de terrain et les rapports du Mincommerce révèlent que la valeur dans son partage, fait la part belle à d’aucuns notamment aux intermédiaires et à d’autres acteurs au bout de la chaîne. Finalement, le producteur ne perçoit que 7% de cette valeur. On voudrait donc espérer qu’un effort soit encore nécessaire pour une certaine équité dans le partage de cette valeur

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