Le ministère de la Santé publique (Minsanté) et l’opérateur télécoms CAMTEL ont signé un accord pour la mise en réseau de l’ensemble des hôpitaux du Cameroun. Ce projet, d’un coût de 11,32 milliards FCFA, vise à intégrer la télémédecine, améliorer l’accès aux soins dans les zones enclavées, et sécuriser les données médicales. Mais la qualité du réseau pose question.
Le 6 mai 2025, le Minsanté et CAMTEL ont officialisé un accord-cadre de cinq ans pour interconnecter les hôpitaux publics et privés à travers le pays. Ce partenariat s’inscrit dans le Plan Stratégique National de Santé Numérique 2020-2024, inspiré des recommandations de l’OMS en matière de cybersanté. L’objectif est ambitieux : créer un réseau sanitaire national sécurisé, améliorer l’efficacité des soins et promouvoir la télémédecine.
La télémédecine permettra d’offrir des consultations et diagnostics à distance, réduisant les déplacements des patients et les coûts associés. CAMTEL s’engage à fournir une connectivité Internet sécurisée, redondante et à haut débit. Les établissements bénéficieront aussi de solutions avancées de cybersécurité et d’un accès aux centres de données pour la gestion des dossiers médicaux électroniques.
Malgré cette vision modernisatrice, des obstacles majeurs subsistent. Le réseau de fibre optique camerounais, pilier du projet, est affaibli par un manque d’entretien régulier. Selon l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART), près de 30 % des sites stratégiques subissent des pannes prolongées, parfois supérieures à 72 heures, en cas de rupture de fibre. Ces interruptions entraînent des pertes économiques estimées à plus d’un demi-milliard FCFA par jour.
Le secteur privé sanitaire reste peu digitalisé. En 2023, seuls 18 % des établissements privés utilisaient des systèmes informatisés pour les dossiers médicaux, selon l’Observatoire national de la transformation numérique de la santé (ONTNS). Le projet du Minsanté et de CAMTEL pourrait donc servir de catalyseur pour une transformation plus large du paysage sanitaire.
Ce programme ambitieux pourrait révolutionner l’accès aux soins au Cameroun, notamment dans les zones enclavées. Mais sa réussite dépendra de la capacité à améliorer durablement l’infrastructure numérique nationale, afin d’éviter que la promesse de la télémédecine ne reste lettre morte.
